mercredi 12 septembre 2018

UTE ma couille

Hey Vik ! Mon plan de traversée des calanques vient de tomber à l'eau, du coup est-ce que vous seriez prêts à avoir un compagnon de route pour la fin de votre périple ?

Pas de souci Mamat, sache juste que ca va être hyper sauvage et qu'il va falloir avancer ! Et c'est en full autonomie, j'ai pas le temps de gérer pour toi, ça m'a pris des mois.

Sur ces mots, à peine le messenger fermé j'avais déjà trouvé un covoit pour m'amener au plus près du chantier (j'avais repéré une possibilité de les rejoindre à Navette, km144 pour eux, solution que je vais adopter finalement) et un covoit retour de Briançon le dimanche après l'épopée.

Je fis donc mon sac comme si j'allais partir pour 3 semaines en gardant en tête la possibilité d'affronter le froid, la grêle (qu'ils ont eue la veille de mon arrivée), la pluie, les loups, les ours, et toute autre chose qu'on peut rencontrer en 28 heures de balade en milieu montagnard, surtout quand le tracé est fait par le Vik.

Me voici donc dans mon covoit le vendredi aprem, je sais où je vais, je sais d'où je rentre mais ce qu'il y a au milieu j'en ai pas la moindre foutue idée ! Je sais juste que ça va être une bonne bambée et qu'il y a barbecue dimanche midi. En papotant avec mon super covoit, Nico, je lui explique l'idée du truc et qu'une fois déposé à St-Firmin il me faudra trouver un autostop pour m'emmener dans la vallée. Et là, par chance ou coup du destin, je ne sais pas trop, j'ai trouvé le seul covoit qui était fan de la vallée du Valgaudemar au point où le gars m'a laissé quasiment à mon point de rendez-vous avec les aventuriers de UTEMC (Ultra Tour des Ecrins Ma Couille).



Sur place à 18h je prends donc le temps de faire une petite sieste allongé dans l'herbe en profitant de la vue, avant l'arrivée à 19h de Julien aka Chirov et Jasna un couple d'amis du Vik que je ne connaissais pas et qui ont eu l'idée folle et farfelue de s'offrir pour leur anniversaire de mariage (on l'a appris pendant l'aventure) de faire l'assistance sur 5 jours des deux fêlés partis faire l'UTEMC...




D'ailleurs vous êtes sûrement en train de vous dire que l'UTEMC, c'est bien beau comme raccourci, y nous en parle comme si c'etait l'UTMB, comme si c'était the place to be une première semaine de septembre !! Mais nous on n'a pas la moindre idée de quoi y cause le garçon... Alors l'UTEMC c'est en fait l'UTE (Ultra Tour des Ecrins), un projet assez dingue né dans la tête du Viking aka Sébastien Bocahu. L'idée était d'entraîner avec lui son pote Julien Christian pour faire une petite balade champêtre de 220km (comptez plutôt 245...) et 21000D+ dans le massif des Ecrins. Une trace unique, née dans le bocal un peu fêlé de cet amoureux de la montagne résidant à Briancon qui consiste à partir de chez lui, faire une belle bambée en passant par des endroits qu'il aime bien, et revenir chez lui après ça. Tu me diras, dans le concept, c'est plutôt cool !! Et tu sais quoi ?... Ça l'était. :)

Je suis donc rejoint à Navette, endroit qu'ils nomment Base de vie 2, par Chirov et Jasna que je prends plaisir à découvrir et avec qui j'entreprends de monter la base de vie et de faire le barbec de ravito pour nos deux grands sportifs. Sur le roadbook établi par Vik, leur passage devrait être autour de 21h50 mais les suiveurs de choc ont vu passer Julien aka JUCB et Vik  à l'Ubac vers 17h et JUCB avait un peu d'avance sur le Vik et devrait arriver vers 21h .


On établit donc tout le campement puis on se dirige vers la trace où les coureurs doivent passer vers 21h afin de les conduire à l'endroit où on a établi le barbec (rappelons qu'un feu est interdit dans un parc naturel, on a donc dû sortir du parc pour faire le barbecue) et à notre grande surprise on remarque une frontale après le point de passage. On gueule un coup et en effet JUCB, ne nous voyant pas au point de passage, avait continué pensant que nous étions plus loin. On discute donc avec lui un peu, on l'emmène manger un bout puis il décide d'aller se coucher un peu avant notre départ prévu à 1h50. A ce moment-là le Vik est encore en chemin. Je décide donc de remonter la trace en direction du col de Beranne pour aller à sa rencontre et redescendre avec lui.  Je ne cesse de monter, éteignant ma frontale afin d'essayer d'apercevoir la lueur de la sienne mais rien... Au bout de quasi 500m de D+ j'aperçois sa frontale... et je comprends de suite qu'il y a un souci. Il a beaucoup de retard et ne marche pas très vite. Et cela ne loupe pas. Dès que j'arrive à son niveau il me fait part de sa douleur au genou qui lui est insurmontable. J'essaye de le rassurer, de lui changer les idées mais rien n'y fait. On redescend à un rythme très cool et pour lui, il le sait, cette base de vie marque la fin de l'aventure.
Arrivés à la base de vie vers 0h50, on s'assoit autour du feu et on commence à envisager la suite, on mange, on boit une bière et on essaye de voir comment le reste de l'aventure va se dérouler mais pour cela il nous faut l'avis de JUCB. Et quand on parle du loup il montre très vite sa queue... JUCB a un probleme de GPS. Qu'à cela ne tienne, Vik va lui filer le sien. Il se pose, on fait un rapide topo qui se veut épique et il me regarde en me disant : “Mat t'es chaud ? On décolle dans 10 min !” Quand faut y aller... J'allais donc passer la fin de mon aventure avec quelqu'un rencontré 2h avant au coin d'un feu et sans mon pote que j'étais venu accompagner... mais bon quitte à être ici autant se faire plaisir et l'aider dans son périple.

1h40. Nous voila donc partis à l'aventure nous et nos sacs, dans une partie du tracé où même Vik a des doutes à propos du chemin de nuit et on va pas être déçus ! Dès les premiers instants, on remonte une cascade et là JUCB me dit : "Avance un peu et dis-moi si ça passe..." J'ai avancé un peu et on a vu, enfin... façon de parler... 50 mètres plus loin je lui réponds : "Demi-tour ! J'ai une falaise sous mes pieds..." De nuit ça a été, de jour j'aurais peut-être moins fait le malin... Cela faisait à peine 1heure qu'on était partis et on jardinait déjà... Je vous laisse donc imaginer que les 80 kms suivant allaient être longs... On rebrousse donc chemin et on trouve un passage qui nous mène sur une sente qui monte à peu près vers la trace.


Nous voilà donc engagés dans ce beau bloc de montée de 1600 mètres de dénivelé positif. Le rythme
est plutôt cool et je suis assez étonné que JUCB ait encore autant de patate après 145km, il commence déjà à m'épater... Ne se connaissant pas, on papote et la montée passe assez vite. On mange le premier kv (pour moi) à bonne allure et on débouche sur un endroit qui va vite nous en faire baver. On est à ce moment-là vers 2300 mètres et on sait que le col où on doit passer est à 2700. Vik nous avait prévenus : ici c'est du hors sentier, droit dans le pentu et dans le dévers. Eh bien on n'a pas été déçus, on jardine plus que Jean-Pierre Coffe le dimanche sauf qu'on est samedi, qu'il fait froid, qu'on a les pieds trempés et qu'avec la nuit les repères ne sont pas tout à fait les mêmes. On s'engage dans des arrêtes, on fait demi-tour, on les contourne, on remonte, on redescend... Bref on se dit que de jour ça doit quand même être super beau mais que là, de nuit, c'est assez obscur ! On était bien, tout était calme, on avançait et on commence à entendre un, deux, puis plusieurs aboiements. Je regarde JUCB et lui lance : "Tiens ! Mais on dirait qu'ils se rapprochent bien ces bruits !..." En effet, se promener ici n'était pas vraiment au goût de tous et surtout pas au goût des patous qui gardent les troupeaux d'altitude. Autant vous dire que rien à foutre du dévers, on a accéléré le pas pour ne pas finir en hot-dog pour patous...


On arrive donc en haut du col de Morge et de ses 1620m de D+ aux alentour de 6h, après 7 glorieux kilomètres. On avait donc 1 bonne heure de retard sur le road book mais bon le road book est juste là pour nous donner une approximation et on le sait, on n'a pas chômé dans la montée mais jardiner nous a fait perdre pas mal de temps. Le col passé, le Vik nous avait dit : "Vous allez voir les gars, y a une sente qui est dans le coin pour redescendre à travers les bouts de pierres noires, si vous la trouvez c'est easy, après, de nuit, ça va pas être de tout repos.” Eh bien vous me croyez, vous me croyez pas, on a galéré peut-être 20 min mais on l'a trouvée et ça nous a pas fait de mal après  l'assaut en dévers qu'on venait de se taper les 3 heures d'avant... On avance donc à notre rythme, on papote famille, voyages, on traverse une fois la rivière, puis deux fois... puis trois fois... puis je ne sais plus exactement combien de fois mais on l'a bien traversée cette satanée rivière avant d'arriver au petit jour vers une cabane où une voix douce et délicate, assez semblable à celle d'un fumeur abusif ayant pris une cuite la veille, nous accueille d'un "Ben alors ? Vous v'nez d'où ?" et de nous de répondre naïvement : "Du col de Morges" avant de se voir répliquer "Non mais ça c'est impossible, c'est du col de Valpierre que vous v'nez, ça fait 40 ans que je suis là et y a pas de passage au col de Morges donc c'est de Valpierre que vous v”nez !" Devant l'affirmation et l'heure matinale de notre débat, on signe l’armistice et on abdique devant tant de certitude avant de continuer notre chemin vers le col de la Valette pour rejoindre le GR54 et se diriger vers Vallon Plat.


Le jour levé, les paysages sont magnifiques. En se retournant on voit bien le col et l'arrête de Morges et on se dit que c'est quand même pas dégueu et que le Vik a du goût. Notre discussion à ce moment-là est assez mono-sujet.. Mais où a-t-il vu qu'il y a 300D+ (selon le road book) ? En effet, on monte sans cesse et bien dans le pentu... Bref ce roadbook va bien nous occuper et on va mettre être capables de donner des heures de passages à des horaires précis tellement ça nous a fait marrer, mais bref, c'est pour plus tard...


Le GR54 rejoint, c'est quand même de la sacré belle beauté. Ce massif que je ne connaissais pas hier et qui se dévoile au fur et mesure que le jour se lève est quand même une tuerie. Après une petite pause saucisson/mélange énergétique  framboise, on s'engage dans la descente qui va nous mener au refuge  Pré Chaumette où on doit se poser 30 minutes et pas une de plus... On continue donc à discuter, JUCB me propose d'augmenter le rythme, ce qui me convient et là, dans une petite rigole creusée par l'eau, à un moment pas plus technique que ça mais dans un moment d'égarement, ma cheville fait flip flap, comme la girafe, et émet un petit craquement de plaisir tellement elle est contente de ce trick.





Bref en clair et avec les sous-titres, comme un gros gland, dans un moment d'absence de concentration, je me fais une belle entorse. JUCB me demande cash si ça va. Mais quelle question ! Ça va comme un mec qui vient de se faire la cheville... Heureusement pour moi, plus de peur que de mal, elle va me lancer jusqu'à la fin mais pas d’œuf ou de trucs qui vont me stopper net à cet endroit. En même temps il aurait pas fallu car on est à 23 km de la prochaine base vie et dans tous les cas il nous faut marcher au moins 4 heures pour arriver à une route... Je serre donc les dents et continue à descendre en marchant vite en espérant que la douleur va se calmer.


Arrivés au refuge Pré Chaumette on a toujours notre heure de retard sur le roadbook. On décide de se poser pour manger la planche de charcut' la plus belle de notre vie  (bazinga) et de boire pour moi un coca avant de repartir. 9h33 (Eh oui ! Je vous avais dit qu'à force de checker le road book on allait avoir des souvenirs précis des heures) on décolle pour la montée qui va nous emmener au col de l'Aulp Martin en passant par le col de la Cascade. Malgré la douleur qui me lance à certains moments je suis plutôt content car la cheville répond plutôt bien et je peux monter sans trop de difficulté. JUCB part devant car je ne veux pas plus le retarder mais j'essaye de m'accrocher pour le garder en vue ce qui va me faire plutôt bien avancer. La montée est assez longue (environ 1000D+) mais à mon grand étonnement Pacman l'a assez bien mangée puisque les 3h de montée depuis le refuge indiquées par les panneaux on été avalées en 1h45 pour ma part avec un passage en haut à 11h11 et pour JUCB (je l'apprendrai plus tard) un passage à 11h08. Le col de la Cascade passé, la vue est à couper le souffle ! On se dirige en balcon jusqu'au col de l'Aulp Martin toujours avec un écart entre les deux mais un écart qui me laisse la possibilité de le garder à vue.


Le temps est idéal. Autant ils en ont bavé les derniers jours, autant là c'est grand soleil et ma peau va pouvoir redevenir vanille fraise vu que j'ai encore oublié de mettre de la crème solaire.  Le col de l'Aulp Martin franchi, la cheville tient plutôt le coup mais le moment le plus dur arrive. En montée ça va, je ne m'appuie pas trop dessus, mais en descente ça va pas être la même.  Et quelle descente ! C’était pas 800 D- comme on le pensait pour rejoindre la base de vie 3 mais bien 1150 ! On avait omis le fait que le roadbook ne nous amenait pas directement à la base de vie mais qu'il y avait une étape.

La descente se déroule plutôt bien, je prends mon temps et demande pratiquement à chaque personne croisée si mon coéquipier de galère est loin et étonnamment, plus ça va et plus je le rattrape, jusqu'au moment où dans une petite gorge je le vois passer un groupe de randonneurs. J'entreprends à ce moment-là de vérifier les dires des personnes rencontrées et me mets à calculer l'écart de passage qu'il y a entre son passage vers les randonneurs et le mien. J'avais juste oublié un léger détail qui allait faire que mon calcul était plus que merdique, c'est que quand JUCB est passé les randonneurs étaient en mouvement et ont continué leur mouvement donc lors de mon passage, le temps que j'aurais n'indiquerait en rien l'écart qui me séparait de lui... Bref vous voyez que quand on cours plus qu'une heure, des questions existentielles et  hyper rationnelles se mettent à émerger dans un endroit où il ne devrait pas y avoir ce type de réflexions.


Je continue donc à avancer et dans un virage j'ai la surprise de le voir posé sur une pierre ! En arrivant à son niveau je lui demande si tout va bien et il me dit avoir un gros coup de mou, ce coup de mou où tu te demandes ce que tu fous là, dans un off, à naviguer parfois à vue, avec un éclopé qui te suit tant bien que mal... Pour le remonter, je lui propose un saucisson qu'il va refuser, à mon plus grand délice, et on redécolle ensemble jusqu'à la cabane de Jas Lacroix où Chirov est venu à notre rencontre. Après quelques échanges avec Chirov, JUCB et lui déroulent un peu jusqu'à la base de vie sur un chemin qui nous semble interminable (5 km) où j'arrive encore, en marchant, à les garder à vue.
13h30 nous voici donc à la base de vie 3. Le road book nous indiquait 11h, on avait un peu de retard... :) Mais bon, pour ma part j'étais arrivé à un endroit où je pouvais stopper tranquille et où la voiture allait pouvoir me conduire. J'étais un peu déçu de stopper là mais bien content de ce que je venais de vivre, autant au niveau de la rencontre humaine que des paysages découverts. Ce mec avec qui je venais de partager 12h est une putain de belle rencontre et possède une machine hors norme. Vers 16h JUCB a repris le chemin de son tour pour boucler l'UTE en 88 heures. Arrivé à 4h20 le dimanche matin, il vient de finir un petit tour de 220km (240?) et 21000D+. Une sacrée aventure sur une trace faite par Le Vik où y a quasi rien à jeter.


Bref un week-end un peu imprévu qui m'a fait découvrir un peu de ce massif où je reviendrai, pour sûr... Encore merci à Chirov et Jasna pour le suivi et ravi de vous avoir rencontrés, bravo à toi JUCB et merci pour ces 11 heures de partage où on a bien ri !!! Et un énorme merci à Seb (Vik) et Elena pour l'accueil et ce week-end extraordinaire... Des moments comme ça on souhaite en vivre un maximum ! J'ai des images plein la tête et qu'une envie, venir voir l'autre partie.


dimanche 3 juin 2018

SantéLyon !!! Highway to Ninkasi

"Hey Mamat on part faire la Transvulcania, ca te tente ?"

Il n'en fallut pas plus, après ma saison 2017 chaotique, pour me motiver à accrocher mon premier dossard 2018 avec les copains. Aussitôt proposé, aussitôt inscrit, enfin sur le papier... En effet, il y avait un léger détail :  on était fin Novembre 2017 et je devais courir un plus de 45km2000D+ avant fin Décembre ! Bah oui, pour accéder à cette course, l'organisation demande à ce que dans les 18 mois précédents,  j'aie couru un trail équivalent à plus de la moitié du dénivelé et de la distance que je serais supposé parcourir en mai 2018 ! Autant dire que quand j'ai vu ça j'ai eu les boules car l'Utcam accompli en 2016 passe à la trappe pour moins d'un mois de délai et il me reste un mois pour trouver une course qui me qualifierait...
Bref j'eus alors une idée farfelue (plutot conne même), celle de trouver un dossard en participant à tous les jeux possibles et imaginables. J'ai même pensé à vendre mon corps pour la science mais  pas moyen, je ne trouvais pas... Et tout ça pour courir la grande, la merveilleuse, que dis-je la merveilleuse... Pour revivre mon rêve une deuxième fois sur la mythique Sainté... Saintély... Saintélyo... Non je n'arrive pas à le prononcer tellement elle m'émeut.
Et voilà... On est lundi, la course est samedi et je n'ai toujours pas de dossard ; comme on dit chez nous ça sent le paté cette histoire !!! Puis vers 18h je reçois un message de Romain de CryoAdvance qui m'annonce que suite à un tirage au sort j'ai gagné un dossard pour la course maîtresse, la Sainté SOLO... Je n'y croyais plus. Je suis à la fois content car c'est mon ticket pour aller avec les copains aux Canaries en mai, et à la fois je repense déjà à ma formidable époppée de 2015 avec le Dav et les copains de TrailOutdoor69 et j'en ai des nausées !! Ben oui je ne suis pas un grand adepte ou fan de cette course, celle qui pourtant fait rêver 12000 personnes par an !!! Mais bon il en faut pour tout les goûts.



Après ce grand moment de joie d'avoir remporté un dossard vient aussitôt le moment de doute !!! Celui où tu te dis :”Merde on est lundi... Merde c'est samedi... Merde j'ai pas couru depuis 3 mois et puis y a quand même 75km... Et puis j'avais “tellement apprecié” l édition 2015, pourquoi m'infliger encore ce chemin de croix ?... Et puis allez ! Je dois finir pour aller avec les copains, c'est pas la mer à boire, quoique cette année c'est plutôt prévu mer de glace et iceberg en esperant ne pas sombrer comme le Titanic !!!”






Pour mieux faire passer la pillule j'ai directement compris que si je voulais finir il me faudrait partager cette aventure avec des amis et heureusement pour moi (peut-tre un peu moins pour les rêveurs qui étaient autour de nous), Pat et Emilie  étaient engagés sur la course et m'ont chaleureusement proposé de les accompagner (encore merci pour les fous rires et le moment passé ensemble !! Je promets aux gens autour de nous qu'on ne fait pas que manger !). Après un petit passage au village expo pour faire un coucou aux copains de Cimalp et m'habiller chaudement grâce à eux (merci Flo et Marie), j'embarque en voiture avec  Jojo et Philippe (que je remercie encore pour le trajet) direction le beau gymnase de Saint-Étienne où s'emboîtent facon puzzle les 12000 futurs rêveurs de la doyenne des courses.


Nous voici enfin prêts à vivre notre aventure au pôle nord en mode grizzli car en plus d'être une des courses que je porte haut dans mon coeur, cette année il fait -8000, tout est gelé sauf notre petit coeur (moment émotion).
23h50. On est dans l'ambiance, les  vagues se préparent, on a limite chaud au milieu de toute cette foule, nos genoux tremblent de froid, on se lance des vannes, un Corse hurle qu'il va enfin exaucer son rêve !! Bref on est dans la place !!! Le speaker s'enflamme, on s'approche de l'arche, minuit sonne et zou c'est parti, la balade commence avec mes deux compères. On part donc tranquille avec pour unique objectif la ligne d'arrivée, Patrick essaye comme d'habitude de nous impressioner avec des relances de l'espace  et un pipi de début de parcours mais avec Emilie on est impassible face à ses avances, on est là en touristes, on compte bien acheter du terrain !!! On voit alors se dérouler sous nos yeux des instants blagues vaseuses, des sketchs non aboutis, des pleurs, des cris de fans hystériques... Oups je m'égare ! Ça c'était le dernier spectacle de Kev Adams la veille...
De notre côté on papote, on court et on passe le premier ravito pépouze sans s'arrêter.  Pour le moment  on n'est pas pas dépaysés, faut dire que niveau paysage, la nuit en décembre y a pas non plus trop matière à s'extasier...

27e kilomètre. On arrive au deuxième ravito et il y a  toujours ce décor similaire à celui de 2015 avec en plus l'impression d'être en 14-18  !!! De la boue, des pleurs, l'ambiance est identique jusqu'à la reconstitution de la queue pour avoir ta soupe comme dans le temps pour la ration de pain quotidienne !!! T'as l'impression que l'espace d'un instant, les cons du lendemain se sont réveillés en avance !!! Les gens se bousculent, s'insultent, il est là l'esprit trail, celui qui te fait vibrer sur “Bref” ou au marathon, cet esprit d'entraide si particulier grâce auquel le mec qui peut embarquer les 25 pâtes de fruits qu'il reste, il ne se gênera pas !!! Franchement bravo aux coureurs et à l'organisation  !!! Tout y est on s'y croirait. Même dans Joyeux Noël  ils n'ont pas réussi à faire mieux niveau réalité. Heureusement on avait une assistance de choc menée de main de fer par Jerem, Romain, Billel, Anni et Nadya (le café  c'était du luxe).
Apres cet interlude historique et cinématographique, nous continuons toujours à trois (comme les petits cochons). Chemin faisant, dans la joie et la bonne humeur on se répète encore qu'on va finir, comme Manolo l'a dit dans un très célèbre dessin animé La legende de Manolo. "Pas d'abandon, pas de rédition !!!” On arrive au signal et là il y a les copains du LUR (Lyon Ultra Run ), Pauline, Benoît qui nous encouragent avant d'entreprendre un des endroits les plus safes de la course, cet endroit où tu sais pas pourquoi , même bien avant d'y être tu le redoutes !!! Est-ce car c'est une descente plus glissante que les douches d'un club après le jeu de la savonette  ? Ce moment où passant à leur insu de coureur à patineur plus ou moins artistique certains innovent et développent les aptitudes d'un Phlippe Candelero ou d'une Surya Bonaly (désolé pour les puristes, je fais avec l'époque que j ai connue) en essayant d'imiter à la perfection le triple lutz piqué ou le fameux back flip de ces athlètes !!!

Heureusement pour nous pas de casse, même si tout ne se déroule pas sans dommage pour Emilie qui devra s'acquitter après ce passage d'une tournée générale pour avoir excuté avec brio la première chute du trio  suite à la réception d'un double axel un peu bancal, et sans méfiance envers Patrick qui, nous dit-on dans l'oreillettte, aurait chuté avant mais pas vu pas pris comme dit le dicton.
On avance à notre rythme, parfois Pat se sent des élans de leader avant qu'Emilie essaye aussi d'imposer son style... Bref on ne voit pas le temps passer, au point d'être déjà à une vingtaine de kilomètres de l'arrivée, 22 kilomètres et des bananes pour être plus précis. Et c'est à ce moment que l'aventure commence, mais pas celle du plaisir car ce qui allait venir allait être une découverte pour moi. J'ai expérimenté le mode : "comment finir une course quand ta tête ne veut plus courir, juste pour aller chercher ta qualif pour la Transvulcania" qu'on peut aussi traduire par : "comment finir une course où tu n'as pas la moindre envie d'être???"

A peine arrivé au ravito de Soucieu, chacun de nous trois en a marre, on a froid, plus d'envie, la tête ailleurs (c'est peut être ça l'accès au rêve ???). Bref c'est la tristitude... Emilie veut se poser un peu, Pat a froid et veut continuer et pour ma part ma tête me dit : "T'es trop con ! Pourquoi tu fais cette course ?"  Bref je trace pour en découdre au plus vite, je suis donc Pat sur les 200 premiers mètres avant que ce qui me sert de cerveau me dise : “Stop ! Tu finis en marchant ... “
Et là s'écoulent 22 kilomètres où tu te fais doubler par des gens heureux, les larmes aux yeux d'arriver à accomplir leur rêve, où certains coureurs révèlent leur bon esprit en jetant leurs gels par terre pour gagner ces 5 places qui les emmèneront à la 1780 place en leur évitant de baculer hors du top 1800, où tu sens les gens surentraînés au bout de leur vie qui crient "Je l'aurai !" comme quand Rocky crie "Adrienneeeeeeeeeeee !"... Dans ma tête il ya plusieurs idées qui font du ping-pong : “Vais-je avoir droit à un tee-shirt finisher à ma taille cette année ? Ma bière de finisher aura-t-elle le même goût que celle de l'an dernier à savoir sans bulles, sans houblon et sans alcool, autrement dit du Château La Pompe ? Plutôt pâtes bolo de la veille ou soupe de quinoa ? Bref toutes les questions, les vraies que se pose un finisher de la Saintélyon !!!
Je connais cette portion quasiment par coeur pour l'avoir poncée avec le Vik et avec mon frère pour sa prépa. A chaque moment je me dis : “Allez, bientôt l'endroit où il y a les sapins ! (héhé ! toi aussi tu le connais et tu as cash pensé à revenir en couper un pour Noël) Allez, bientôt les aqueducs et la célèbre montée de Beaunant ! Plus que le parc aventure et après il y aura encore le petit parc sur les hauteurs de la Mulatière, la descente sur les quais par les escaliers, le petit plat et zou c'est la halle !!!”


En arrivant devant la halle, c'est l'euphorie les gens n'arrêtent pas de crier : "Allez ! On court c'est bientôt la fin faut tenir !” Mais courir pour quoi ? Ça fait 22 kilomètres que je marche !!!! Je ne vais pas courir juste pour faire le pingouin à la photo finisher !!! Je passe donc l'arche en 10h48 (ça t'épate hein) avec ce que j'étais venu chercher c'est-à-dire mon pass pour la Transvulcania (du moins ce que je pensais être venu chercher) et une bonne marade avec les copains sur les 44 premiers kilomètres.
Après avoir rejoint Pat qui a fini 30 minutes avant moi et qu'Emilie nous rejoigne pour aller au burger/bières, on se change et on se dit tous une chose : la Saintélyon c'est Mythique !!!!!






Encore merci à vous d'avoir lu ce récit. Comme je le dis, toutes les courses ne peuvent pas plaire à tout le monde et celle-ci en fait partie pour moi. Je remercie cependant beaucoup Cryoadvance pour le dossard qui m'a permis d'obtenir mon sésame pour la Transvulcania qui fut épique, l'assistance et les encouragements de choc de Jerem, Billel, Romain, Nadya, Jojo, l'équipe du LUR, les copains du TOR , ainsi que Marie et Florian de Cimalp pour le pantalon et les gants qui m'ont été d'une très grande aide, ça m'a évité de finir en glaçon ! Très vite va suivre le CR de la Transvulcania et du ROOOOOOOOOOQUUUE DE LOS MUCHACHOOOOOOOOOS !


mercredi 6 décembre 2017

Quand Marseille-Cassis rime pas qu'avec Pastis

Quand Marseille-Cassis ne rime pas qu'avec Pastis...



"Mathieu ! Envoie-moi vite ton certif ! J'ai probablement un dossard pour toi avec le club de triathlon d'Antoine !!!" message facebook de ma pote Clem




Aussitôt dit, aussitôt fait... Il faut dire que j'entendais parler de cette course depuis que je m'étais mis à la course à pied en 2014 mais je commençais à désespérer  de pouvoir m'inscrire un jour à cette course qui me faisait de l'œil du haut de ses crêtes car, même en étant devant l'ordinateur au boulot cette année à midi pile, impossible de décrocher un sésame, même en refreshant comme un geek qui clique dans un combat de Wolrd Of Warcraft !! Bref, cette année encore j'allais devoir m'asseoir dessus et rester dans mon canapé à boire l'apéro en regardant Hanouna à la Tv… Encore une bonne Marseille-Cassis...

Et alors que je n’y croyais plus, un jour d'octobre mon Facebook vibre et là c'est The Message ! Ma pote Clémentine, kiné à Marseille , me dit qu'elle a possiblement un dossard pour moi. Du coup mon palpitant remonte, je suis excité comme une frite devant un bol de Végétaline ! Mais en fin de journée c'est la guillotine, elle me dit que je m'y suis pris trop tard et que le dossard est déjà parti avant de me rappeler le lendemain en me disant que c'est ok, je suis inscrit !!! Bref elle a joué avec mon petit cœur mais elle m'a mis un bon ascenseur émotionnel.

Alors pour les impies, la Marseille-Cassis c'est pas le nom d'un 100 mètres Ricard version Ironman sur les hauteurs de Marseille, c'est une course sur route. Je vois déjà tous les traileurs se dire : « Bwahhhhhh la route ! Nous c'est les sentiers, les prés, les champs... La Saintélyon... » Bref, je m'égare !! Donc c'est une course de 20km reliant le Vélodrome de Marseille au port de Cassis (enfin en théorie) passant par la route des crêtes à travers les calanques de Marseille, avec une vue quasi continue sur la mer Méditerranée. On comprend pourquoi elle se classe dans les 10 plus belles courses du monde !!

Du coup, mon ticket d'entrée en poche, nous voici avec Juliette en train d'organiser au mieux notre week-end à Marseille pour profiter un max d'être dans le sud et voir le plus de copains sudistes ! Cette année, la mère de Juliette s'étant installée à Marseille, on décide donc de descendre le vendredi soir en s'arrêtant chez notre apothicaire préféré à L’Isle-sur- la-Sorgue.





Après un début de week-end sur les chapeaux de roues avec une belle côte de bœuf et de bons vins chez Ben et Samia, nous voici enfin à Marseille pour prendre le dossard et visiter encore un peu plus cette ville qu'on ne connait que très peu. C'est donc avec plaisir que nous passons la journée avec Nathalie (la maman de Juliette) avant de faire une soirée pizza (pour moi une pizza raclette of course !) et de se coucher pas trop tard pour être en forme (je ne sais pas de quoi) le lendemain matin.






8 heures. Après une nuit courte sur une chauffeuse dans la cuisine de la belle-mère qui est en train de s'installer (elle est arrivée à Marseille depuis une semaine), me voici prêt à aller profiter de ma journée en compagnie de Clem et Thomas et enfin découvrir cette course dont tout le monde parle ! Arrivés sur place, l'emplacement départ est assez impressionnant.  Pour l'ambiance je te laisse mettre ça : https://www.youtube.com/watch?v=mVytTl0iOwQ  car c'est exactement à cette musique que j'ai pensé en arrivant devant ce Vélodrome où tous les coureurs se rejoignent !






C’est assez impressionnant, on doit être 12500 coureurs pour 20 km de folie et le lieu est mythique. On se rejoint avec Clem et Thomas, Antoine et Felix visent un temps du coup ils s'avancent. On s'engage donc dans les sas et là Clem pousse un petit cri comme une jouvencelle devant une affiche de Ricky Martin ou Justin Bieber car elle vient de voir Spaceman !!! Elle me dit : " Tu penses que c'est lui ? Si c'est lui, j'en suis sûre !!! Non je doute sérieux !!! Ah si c'est lui c'est Thomas Pesquet !!
" Bref j'en sais trop rien du coup elle lui lance un " Ça va aller après quelques mois dans l'espace ?" Ce à quoi il répond et là, on est sûrs de notre coup !!!! Je demande à Clem : «  Tu veux un selfie comme les groupies de Tokyo Hotel ? » Et elle rougit !! NI une ni deux nous voici à prendre la pose avec celui qui a posté des photos de dingue de notre belle planète pendant la dernière année !!



Après ce petit passage euphorie, on remarque vite que beaucoup sont très couvert pour un 20km. A Marseille ? Sous le soleil ? Mais on va vite comprendre… A peine partis, un drôle de manège commence, celui de « balance ta veste sur le côté à la manière de tourner les serviettes »… Non mais les gens sont sérieux ?!  Y a des milliers de pulls sur le côté ! Léger moment de malaise lorsque des gens un peu démunis viennent chercher ces pulls (franchement les gens si vous avez des pulls en trop, y a les sans-abris qui en ont besoin,  ou y a des collectes organisées !!)

Bref un coup de gueule !!!

Mais ne nous éloignons pas trop de ce CR.

Le départ est donc donné à 8h30, dans une ambiance de folie, Thomas (Pesquet) se sépare de notre
route en nous mettant un stunt dans les premiers mètres ! Il faut dire que la condition physique n'est pas la même !!! On avance donc tranquilles sur cette longue avenue qui nous emmène aux calanques, l'ambiance est vraiment sympa, on voit beaucoup de gens qui courent pour des assos c'est plutôt chouette. Pour nous ça sera une petite balade à un rythme tranquille ! On papote, on chante, on entame la montée. Arrive le premier ravito, il y a tellement de monde qu'on se perd. Non mais on est 3, on est au 5e kilomètre et on se perd ! Non mais allô quoi... Bref je me dis que je vais les attendre après le ravitaillement, et au bout d'une minute toujours personne du coup je me dis qu'ils ont dû avancer sans que je les voie!! Commence alors une remontée incroyable que dis-je fulgurante à travers tous les participants pour retrouver mes compagnons de route et au bout de 2 -3 minutes de slalom à travers les gens j'arrive enfin à les apercevoir. Ils ne s'étaient pas arrêtés au ravitaillement !!! L'échec !!


 On avance donc pour arriver au Mont Blanc des Marseillais, leur Everest... celui qui fait frémir tous les coureurs locaux, celui qui, dès qu'on prononce son nom, les met en émoi... Le fameux Col de la Gineste !  Ca grimpe, ça grimpe, les gens sont fatigués, certains rampent sur le côté ... D'autres crient de douleur... Bref ça c'est dans l'imaginaire, pour former la légende !!! Car dans les faits, c'est dans la bonne ambiance que ça grimpe, certains ont plus de mal que d'autres, mais rien d’insurmontable ! 
Nous voici donc arrivés en haut du point culminant et le TFL de Clem(syndrome de l'essuie- glace) commence à lui faire mal du coup on ralentit le rythme et on profite encore plus des groupes de musique et des supporters qui sont le long de la route, ainsi que de la vue qui, il faut l'avouer est loin d'être dégueulasse.




On attaque donc la dernière descente... Longue... Très longue... Interminable descente dans un rythme serein qui nous emmène non pas au port mais au centre de Cassis. Là est un peu la déception car il paraît que l'arrivée au port est assez incroyable mais bon, par mesure de sécurité il faut savoir accepter les règles.
On franchit donc l'arche au bout de 2h38 de balade, en ayant passé un bon
moment avec Clem et Thomas. Temps qu'on va quasiment doubler en attendant le bus (gros point noir de l'organisation au niveau des navettes). On a froid car le vent se lève et on refroidit mais on pense déjà à la bière et à la cryo qu'on va apprécier grâce à Clem et son cabinet de kiné !



 C'est donc après une pause McDo et la petite séance au cabinet qu'on rentre à Lyon avec Juliette, après avoir passé encore un bon weekend. Nous voilà prêts à affronter la Thaïlande et heureux d'avoir revu les copains. A charge de revanche pour la côte de bœuf !!



Merci à Ben et Samia pour leur accueil le vendredi, on se revoit pour les Lumières, à Juliette pour me supporter et pour le petit week-end et la conduite au retour, à Nabil et au TOR pour les séances au parc et bien sûr à Clem pour le dossard et pour la journée du dimanche. Sans oublier Céline pour la relecture sans qui vous passeriez un dur moment ! On vous attend sur Lyon avec plaisir !!!

mardi 13 décembre 2016

Town to School's ( sur les chemins de l'école )



Réveil matin 8 heures... Merde ! 8 heures !... Je suis en pyjama, peinard, je me lève en direction de la cuisine pour prendre un bol de Trio en espérant tomber sur une figurine en plastique du pays du Soleil Levant représentant Riri, Fifi ou Loulou... Tout est au top, j'ai passé une bonne nuit, je check dans l'entrée et là Garfield me regarde... Je ne sais pas ce qui est le plus important : que Garfield ait totalement détruit son ami le canard ou qu'il soit 8 heures...
Meeeeeeeeeeerde ! Il est déjà 8 heures, je vais être en retard à l'école !!!! Au diable la case Trio, on oublie même le café (vous me direz le café pour un gamin c'est pas top), on enfile son short, ses baskets ,son plus beau tee-shirt, on prépare ses gants et on décolle ! Je déroule les premiers 100 mètres, la température est bonne, mais comme tout gone qui se respecte en partant à l'école, j'ai oublié les gants sur la commode... Epic fail !... C'est pas grave, on chauffera ses menottes autrement ! 



 
Au bout de 650 mètres, me voilà devant le portail de l'école Notre-Dame-des-Anges, première étape de mon town to school. Notre-Dame-des-Anges, c'est l'école où j'ai rencontré mon meilleur pote Clément, et où j'ai lié de belles amitiés avec Marco et Émilie, l'école où en cours de sport on allait courir au stade de Chazeaux et où je devais certainement être le plus nul en endurance et en course à pied !!! Bref, l'école qui m'aura vu évoluer jusqu'au collège et qui aura eu le privilège de me voir déguisé en fleur la première fois !!!




Au cas où certains ne l'auraient pas compris, j'avais dans la tête cette idée folle non pas d'inventer l'école mais de relier en un run toutes les écoles où j'avais étudié. 
 





 
C'est quand même bizarre, quand j'étais petit je devais mettre au moins 15 bonnes minutes pour faire ce chemin qui me semblait infini... Bon, il faut avouer aussi que l'arrêt chez le buraliste pour acheter les têtes brûlées, les roudoudous ou les images Panini n'a pas dû contribuer à la rapidité d'exécution de ce chemin d'écolier.






Mais bon, parlons run !!! Mes sensations ne sont pas trop mal après ma douleur de mardi, du coup on file sur le prochain lieu, le collège Saint-Marc, en arpentant ces chemins que j'ai longtemps pratiqués à pied dans des états ô combien différents en sortie de soirée chez Zed ou pour rentrer de la fac ! Tiens d'ailleurs, en y pensant, il me vient une idée lumineuse : et si je passais par la fac avant de monter sur la colline ? Comme ça je pourrais faire un combo, fac-lycée-collège ! La tournée des grands ducs !!
Après avoir remonté les quais en passant devant Saint-Luc - Saint-Joseph, me voici donc devant la fac, fac qui ne m'aura que très peu vu sur ses bancs. Il faut dire que le Qcm café ou le Café de l'université avaient des banquettes bien plus confortables et que leurs eaux étaient mieux brassées ! Mais bon quelques souvenirs ont quand même émergé de ces amphis à 300 ou de ces salles de cours en sous-sol, dans les caves ! Bref Lyon 2 dans toute sa splendeur, une fac où il faisait bon vivre quand on n'y était pas. :) 
 

Chemin faisant, je passe par le pont de l'université pour m'engager dans la rue Sainte-Hélène, rue que je pratique souvent pour me rendre dans un de mes endroits favoris, "L'instant fromage". Mais bon, on n'est pas ici pour parler timanoix ou côte-rôtie, aujourd'hui c'est le #Towntoschool !!! (merde d'ailleurs, si je dois des royalties à qui de droit pour l'utilisation du town dans une phrase ben... comment dire...) 
 
 
 
Une fois la rue remontée, me voici enfin devant la grande porte du lycée Saint-Marc, lycée où je ne suis pas resté longtemps car je ne correspondais prétendument pas au profil... Je n'étais pourtant pas le plus mauvais (bon pas le meilleur non plus) mais bon c'est quand même là que j'ai eu le plaisir de rencontrer Virginie (la merdeuse) avec qui je reste encore un peu en contact.






 Maintenant que j'ai fait le lycée, direction le collège. Vous me direz que ce n'est pas dans le bon ordre mais on fait ce qu'on peut mon bon monsieur !!! Me voici donc à l'attaque de la colline et ce n'est pas par mon trajet habituel que j'ai décidé de l'attaquer mais par la montée des Épis, pour diversifier. Faut surtout dire que le chemin habituel c'était la montée de Choulans, et elle a quelque peu perdu de sa magie au fil des années... lol



Petit passage donc par les Épis et le Gourguillon pour arriver en haut de la butte, en passant par les petites ruelles que j'empruntais en tant que petit chanteur pour me rendre à Fourvière, et me voici devant le collège Saint-Marc, ce collège qui m'a fourni ces bons moments à jouer au foot avec Hugues, François, Matthias, Martin, Adrien et les autres... Ces premières cigarettes dans le parc de l'Ensatt (pas bien...) mais surtout ce collège qui par le biais des petits chanteurs aura fait naître en moi cette passion pour la musique et le chant, qui m'aura ouvert les portes de ce monde jusqu'à en faire mon métier ! Que de nostalgie en arrivant la haut ! Arrivé là-bas une question m'a quand même effleuré l'esprit : comment est-ce que je pouvais mettre plus de 45 minutes en bus pour arriver ici de Gerland alors que là, en moins de 40 minutes par la presqu'île et avec des baskets, j'étais déjà en haut ? Un des mystères de la vie sans doute... 

 




 

 Après cette petite pause nostalgie, je rebrousse chemin en direction de la suite et du deuxième lycée qui m'aura accueilli. Celui-ci est à l'opposé mais bon... 





Je reprends donc la route en direction de Fourvière, descends la colline par la montée Saint-Barthélémy ,traverse la presqu'île, rempli de nostalgie, pour arriver enfin dans le quartier des Brotteaux et plus précisément rue Ney. Je me retrouve alors aux porte du lycée Débordes , j'ai eu d'ailleurs un peu de mal à le retrouver car il n'est pas très visible. C'est assez bizarre les souvenirs car pour les autres établissements, pas de souci et pourtant sur le plus récent je me paume... Encore une dose de souvenirs qui émerge, les aprem avec Sylvain, Fanny et Alexandra... Que de bons moments ces années où on commence  à papoter philo dans les cafés et à vouloir refaire le monde... Bref, que du bon !!
La dernière étape se profile. Dans toute cette course, j'en avais presque oublié que mon collège n'a pas commencé à Saint-Marc mais à Saint-Louis-de-la-Guillotière... Il faut donc rattraper le coup et passer devant afin de boucler ce #Towntoschool en bonne et due forme Je remonte donc en direction de la place Guichard, puis Saxe-Gambetta en m'octroyant un petit arrêt café chez l'ami Thierry dans son salon, Thierry Diez Coiffure (en face de l'église Saint-Louis, sur la grande rue de la Guillotière si ça en intéresse certains) ps : il ne fait pas de café, il coupe les cheveux doux et soyeux !!!
Après ce petit interlude café, me voici donc devant Saint-Louis. Des souvenirs remontent : ma première rentrée en tant que grand garçon, mes premiers bisous avec la langue, ma première... Euh non, on va rester correct ! Ces cours de technologie séchés pour aller jouer au basket et surtout ce monsieur, Monsieur Fatemi !!! Cet homme qui m'a poussé à faire du chant en trouvant que j'avais une jolie voix et que je ne remercierai jamais assez car sans lui, c'est sûr, je ne ferais pas ce métier et ne vivrais pas cette aventure quotidienne qui remplit ma vie !
Sur le chemin du retour beaucoup de souvenirs surgissent , les boulangeries où on achetait des bonbons, l'évolution des quartiers... Bref un run nostalgique qui m'en aura mis plein la tête et qui m'a limite fait verser ma larmichette...
Pour finir, je ne peux que vous conseiller ce genre de run, lier l'utile à la nostalgie. C'était un bon moment passé à arpenter la ville que j'adore et qui m'a vu grandir et tous ces lieux qui me parlent (non je suis pas Jeanne d'Arc) et font remonter en moi tout ces souvenirs ! Bref un run de décembre qui fait du bien au coeur ! Allez maintenant on ne se laisse pas abattre, il est 11h30 et c'est l'heure de l'apéro !!!
Bises à tous et merci d'avoir lu ce récit, en espérant que cela vous donnera l'envie de vous lancer dans ce type de sortie. ;)

mercredi 7 septembre 2016

Un petit tour dans le mercantour


  • Hey Chris, je me ferais bien l'ultra trail du Monte Rosa en 2017.
  • Ben y a l'ultra trail du Mercantour, ça ne te botte pas ?



Il n'en fallut pas plus pour qu'enfin, après une année et demie de trail, la première inscription pour un plus de 100 km se fasse. Une connerie me direz vous ?? Ça je ne vous dirai pas le contraire, mais qu'est qu'il fait bon être con !

Nous voilà donc, après une année très riche en émotions trailesques et riche en rencontres, au pied, que dis-je, à la porte de ce monde merveilleux, un monde qui va répondre à toutes mes attentes et confirmer mes intuitions (mais nous verrons ça plus tard).

Revenons sur les quelques semaines qui ont précédé cette aventure. Pour faire simple, je ne me suis pas pris la tête à l'exception d'une chose : la bouffe !!! Ben oui, à force de voir les gens autour de moi rigoler sur mon régime -ette, je me suis dit que cette fois-ci, pour entrer dans le monde des adultes du trail, il fallait peut être arrêter de manger comme un ado les quelques semaines précédant la course. Du coup à moi le riz, les lentilles, et tous ces autres légumes bizarres que l'on ne trempe pas dans l'huile, et assainissement du corps avec une réduction drastique de la prise de houblon (même si j'ai craqué l'avant-veille). J'ai même remplacé les majestueux burgers par du poulet et de la viande blanche !!! Tout part en sucette c'est moi qui vous le dis !

Bref, pour le côté alimentaire, j'ai donc essayé (non sans écarts, faut pas déconner) de faire attention pour prévenir les carences ; et côté préparation, j'ai opté pour la méthode MFF (mountain for fun). En effet, au diable les plans d’entraînement carrés et tout le tintouin ! Moi qui ne suis déjà pas capable de suivre un programme pour le boulot, je ne vais pas m'enclaver dans un truc rigoureux pour mon plaisir !!! Mon plan s'est donc plutôt développé autour de pures sorties montagnes avec le Chris, de week-ends chargés en rigolade (avec les amis) avec quand même un week-end choc au milieu où j'ai fait la 6d lacs le samedi et les 5 refuges du tour des Fizz en serre-file le dimanche ; mais outre ça, je ne pense pas être un bon client pour la rédaction d'un plan pour Endurance magazine super montagne trail !

L'échéance approche, approche et avec ça commencent à arriver les doutes : suis-je capable de faire ça (je m'en sens capable) ? Ai-je bien les capacités de le faire (ça je n'en sais fichtre rien mais mentalement je suis plutôt bon) ? Vais-je apprécier la bière de finisher (alors là, y a plus de doutes, faut y aller. Dans ce domaine là, j'excelle !) ?

On me demande d'estimer un peu mon effort mais j'en suis clairement incapable. Je réponds souvent que sous les 45 heures ça serait bien cependant l'objectif ultime est quand même d'être finisher avec un bonus sous les 42 heures mais je n'y crois pas trop !

Après une petite soirée le mercredi soir avec les amis du club pour fêter l'arrivée de notre accompagnatrice de choc, Marion, à Lyon ; une récupération aux aurores de Chris vers chez lui ; nous voilà donc en route à 7h le jeudi pour Nissa la belle et une petite balade champêtre de 145km à travers le Mercantour ! Arrivés sur place, nous nous dirigeons directement vers le retrait des dossards sous une chaleur prenante. On est dans le vif du sujet, il va faire chaud. L'organisation nous conseille de partir avec 1,5 L plutôt qu'avec 1L. On prend une petite photo d'avant-course, notre tee-shirt de dotation et notre gobelet. L'excitation est tellement grande que je vais même oublier une de mes gourdes au check-in des sacs (ça commence bien...) et direction l'appartement qu'on a loué pour l'occasion. 


Lors de la soirée, on se repose, petit moment piscine, on fait les sacs, on prépare les dinosaurus pour moi et la nourriture de singe pour Chris, un dernier petit scan de la course et au dodo pour une bonne dernière nuit avant mon premier ultra !

Après une bonne nuit bien remplie de doux rêves, c'est le jour J. Cela fait quasiment un an que j’attends ça, je suis comme un gamin. On décolle pour la ligne de départ vers 14h, on se pose dans la voiture une bonne heure pour refaire une petite sieste et on se dirige au point de rdv (clique ici pour la petite musique https://www.youtube.com/watch?v=94dY-QxjDiE ), sous les pinèdes, au chaud, pour enfin aller s'aligner et prendre le départ de l'édition 2016 de l'ultra trail Côte d'Azur Mercantour !



Le speaker l'annonce, il va faire chaud, c'est un ultra
exigeant, il va falloir gérer l'effort et ne pas surchauffer. 16H25, l'ambiance monte sur la ligne. 500 coureurs veulent en découdre avec ce tracé qui relie la mer aux montagnes. Christophe revoit celui qui était devant lui à l'ultra trail du Verdon, échange deux trois mots. L'ambiance est à son comble, les coureurs se regardent, on sait que pas mal d'entre nous vont souffrir, vont passer de la joie aux larmes, vont aller puiser dans des ressources inexplorées mais le plus important va être la découverte : découvrir ces paysages, ces gens avec qui l'on va partager cette aventure. 4... 3... 2... 1 ! C'est parti pour l'aventure et 145 kilomètres à travers le massif du Mercantour. Je commence sur un rythme assez bon, tellement bon que dans le troisième virage j’entends Christophe me dire : « Euh Mamath ! T'es devant moi là ! », signe que je démarrais trop fort et qu'il fallait appuyer sur la pédale de frein.

Les premiers kilomètres nous mettent directement dans le vif du sujet, on est sous un cagnard affreux en pleine montée du Mont Chauve, supra exposé... On sent immédiatement que la course va être difficile, pas un bruit dans le peloton, les gens sont concentrés, seul le bruit du souffle des coureurs se mêle à celui de la nature. J'essaye de lancer mes vannes de merde à la Patrick Sébastien mais personne ne réagit, je me dis alors que j'ai bien fait de ne pas faire comique! Bref on avance sous un soleil et dans un silence de plomb, l'ambiance qui fait rêver !!! Si c'est comme ça pendant 45 heures, je ne suis pas sorti de la berge ! On avance, on avance, on passe la première bosse et nous nous élançons jusqu'au ravito des ruines de Chauffante où je suis en age et ne rêve que d'un coca bien frais, mais en arrivant là-haut c'est la douche chaude... Pas de coca et l'eau qu'ils ont a un peu chauffé à cause du soleil... Heureusement que le sourire des bénévoles est bien présent car le coup de chaud n'est pas loin. Après une brève discussion avec un certain Guillaume qui est un pote du président de mon association, TrailOutdoor69, je décide de ne pas trop rester et de continuer pour ne pas prendre un coup de soleil. 

 
Quasiment après le départ de ce ravito, j'essaye de réengager la discussion avec des gens et je n'ai pour écho que le silence radio à nouveau jusqu'au moment où, alors que je suivais un homme en jaune (non pas un mec de la DDE), je lui dis : « Excuse-moi, on a dû te la faire, mais pourquoi t'es en poussin ? » et il me répond que c'est son surnom. On papote un petit peu, il s'appelle Sylvain (syl06 sur kikourou) et fait l'ultra
avec son pote Clément. Je vais les croiser pas mal de fois mais à ce moment-là ils sont dans un rythme un peu plus soutenu et j'accuse encore un peu du coup de chaud. Je les laisse alors filer.


Les minutes passent mais ne se ressemblent pas ; j’aperçois un drapeau costaricain sur un sac et lance un : «  ¿ Ola, qué tal ? ¿ De dónde vienes ? » et je me vois aussitôt répondre : « ¿ Hablas español ? » et là allait commencer un bon moment de partage avec une personne incroyable, j'ai nommé Cinthya Castro. :) Durant tout le reste de la route jusqu'à Lévens, on va papoter et se marrer. Elle était venue avec son ami Thierry mais était partie un peu devant .



Ça continue à bien monter mais le temps s'adoucit et le trajet partagé avec Cinthya devient hyper agréable du fait de sa bonne humeur (j'apprendrai par la suite que cette nana est simplement une grande malade car elle voulait enchaîner le 144 et le 55 le lendemain...). Chemin faisant, on arrive dans un bon rythme à Lévens. Dès l'arrivée, Marion est là sur le côté et est surprise de me voir arriver si vite. Faut dire que j'ai une légère avance (5h15 au lieu de 6h37). Elle assure en me donnant cash un coca  que j'attendais depuis longtemps, m'annonce que Chris est 15e et hyper frais et est vraiment au top. Je lui fais part de mon début de course, que tout est ok, je lui dis aussi que ma gourde s'est mise à fuir et lui demande si elle peut changer la gourde en gardant la tétine pendant que je vais m'alimenter, mais à ce moment-là j'ai dû mal m'exprimer car elle m'a changé la tétine et je ne m'en suis rendu compte qu'après être reparti. :p 



Cinthya me demande alors à quelle heure je compte repartir. Je lui fait part de ma volonté de repartir vers
22h15 mais je me sens bien et je n'ai pas besoin de rester plus longtemps, du coup, à 22h05 je repars pour aller découvrir la suite du parcours.





Le parcours continue un peu à descendre après Lévens. Je suis reparti seul du ravito. J’aperçois alors un petit groupe de frontales un peu plus loin et me dis que ça ne serait pas mal d'attaquer la montée à la Madone accompagné, du coup j'engage la descente avec vigueur. Dans tout les cas, avec mon super bandeau de TrailOutdoor69, je ne peux que super descendre et arrive assez vite au niveau du petit groupe. Là un deuxième moment de partage va naître avec un jeune coureur, François Lachatre. Tout de suite ça colle, on papote, on se relaie en montée. Dans le petit groupe nous sommes avec deux vétérans tous deux finishers de belles courses comme la TDS et la diagonale, on se dit donc que malgré notre inexpérience on s'en sort pas mal pour des bleus bites (enfin va quand même falloir tenir la distance avec nos moteurs de jouvencelles).

La montée est raide pour rejoindre le sanctuaire de la Madone mais tout doucement on prend notre mal en patience, elle est longue et dure (comme ma b... Euh non, je peux pas dire ça...) mais en arrivant vers le sommet on commence à entendre de la musique et des cloches ! Ça motive et on ne va pas être déçus... En effet, en arrivant au sommet, un bon groupe de joyeux lurons est au taquet et ça booste à mort ! Le moral n'est pas mauvais mais quand l'ascension est longue, c'est un réel soulagement de voir des bénévoles aussi enjoués et là ils ont fait le job au-delà de toutes les attentes des coureurs !! Encore merci à vous si vous vous reconnaissez. ;)

On attaque donc la descente sereins avec François qui a déjà reconnu la portion. Je lui fais part d'une gêne due au frottement de mon short et lui demande s'il a par hasard de la nok. Il me dit que non mais qu'à Utelle au ravitaillement nous chercherons ça et que nous aurons une fontaine pour nous rafraîchir en plus, ce qui n'est pas pour me déplaire vu la chaleur qu'il continue à faire ! Il me dit aussi son intention de s’arrêter un tout petit peu car la suite demande un peu de force et il va falloir en avoir encore sous le capot pour arriver au ravito suivant se situant au col d'Andrion.

Nouvelle surprise en arrivant à Utelle, un super ravito mené de main de maître, on se croirait aux guinguettes ! D'un comme un accord avec François on prend 15 minutes de pause et là directement un gars vient me voir et me dit : « Tu cherchais pas de la nok ? » Ouuuuuuuuuuuuh purée ! Mon sauveur ! Enfin... le sauveur de mon entre-jambe... (non pas celui là petits vicieux) C'est juste que le frottement du short sur mon entre-cuisse commençait à me brûler et grâce au nok, ça glisse Alice !

Après donc un petit moment de nokage, je mange un demi-sandwich, fais le remplissage des gourdes pour la montée, un petit merci aux bénévoles et à 1h26 nous voilà repartis pour affronter la suite de l'aventure ! C'est assez sympathique de partager ce moment avec lui car on est tous les deux dans l'inconnu pour la distance. Il a tout de même un avantage, il a déjà reconnu entre Utelle et Roquebillière. Pour ma part, je gardais en tête le conseil de Florian Olivier me disant qu'il fallait en garder sous le pied pour après Roquebillière sans quoi le risque c'était de faire exploser le moteur !!

On y va donc tranquille en direction de la brèche d'Utelle, on se fait dépasser par Poussin et Clément qui étaient restés un peu plus longtemps au ravito, et là, François commence à me faire part de douleurs au ventre. J'essaye de le rassurer, de lui dire que ça va passer mais plus on avance plus le rythme diminue et plus il a mal... Merde, je suis peiné pour lui, pas facile d'avancer avec un mal de bide ; j'ai le souvenir de ce que ça fait, ayant vécu la même chose à la Sainté-Lyon et ce n'était pas des plus agréables... Il tient bon et on arrive à passer la brèche ensemble pour attaquer le col d'Andrion mais quelques instants après il me dit de partir devant car il ne sait pas ce que son bide lui joue comme tour et il ne veut pas trop me ralentir. Je prends donc la décision de partir devant en espérant le revoir assez vite (ce qui ne fut pas le cas malheureusement. Il a abandonné en haut du col d'Andrion en étant 1er espoir 2 heures devant le 2e. Encore bravo à toi Francois !).

Afin d’entamer cette montée qui allait se faire seul, je décidai donc de sortir l'arme ultime, ce que tout coureur de cet UTCAM a dû m'envier... ou pas ! Ma playlist de rêve et mon super mp3 !Mais qu'est-ce qu'il a de spécial me demanderez-vous ??? Eh bien en fait, quelques jours avant la course, ne sachant pas quoi mettre sur mon mp3 pour passer mes deux nuits, j'ai demandé à mes contacts Facebook de me donner chacun un titre de musique afin de penser à eux et de me donner la patate et je n'allais pas être déçu !!!!
En effet, dès la première montée je suis dans le bain et mon mp3 décide d'ouvrir le bal nocturne avec une douce mélodie de Lorie qui me rappelle qu'elle sera toujours ma meilleure amie. Suivent alors des huskies du Pôle Nord qui sont vraiment très forts ! Sans oublier « Foreverrrrrrrrrr ! Magnolia foreverrrrrrrr ! ». Si tu veux t’imaginer un peu ma montée à ce moment-là, clique ici : https://www.youtube.com/watch?v=KLUX6Hq_ujk . Maintenant que tu as l'ambiance musicale, tu t'imagines dans un sous-bois avec ta frontale qui t’éclaire le chemin, t'es dans le move (le mouvement en français), tu prends le ruizeum (le rythme en français), tes bâtons dans les mains et t'avances comme si t'étais dans un cours de step mais dans la nature, avec ce beau déhanché digne de Véronique et Davina  ! Avoue que là t'as la banane et le powaaaaaa (la patate en français) !

Ayé la machine est en route, je monte dans un bon rythme à coup de Queen, Red Hot Chili Peppers et Maniac, je prends le temps de couper un peu le son pour doubler un coureur prénommé Christian qui m'explique que l'an dernier il avait démarré sur les chapeaux de roues avec une 18e place conservée jusqu'à Boréon et qu’après Roquebillière, c'était coton. Cela renforce donc les dires de Florian et renforce aussi mon intention de m’arrêter. Je repars donc avec comme objectif d'arriver le plus tôt possible à Roquebillière histoire de me poser correctement et de repartir de toute première fraîcheur sentant la menthe et le jasmin...

J'entame donc la fin de la montée sur le Tournairet avec la patate refilée par ma playlist et j'avoue que peu importe la chanson je me marre, que ce soit grâce à la « Lambada » ou « Résiste » de France Gall, je pense à vous qui avez soumis les titres et rigole de chaque situation, ce qui fait tellement passer le temps que je ne me rends même pas compte du passage au mont Tournairet, et là ça va être le kif, quasiment le plus grand kif de cet ultra : la descente de Roquebillière , « C'est de la merde, c'est ultra cassant ! » ; « L'horreur avant la deuxième partie ! » ; « Un pierrier infinissable ! » disaient-ils !!!! Mais moi je me suis senti dans mon élément, faut dire que là, après avoir arpenté les chemins de la Mecque des caillouteux (L'Échappée Belle) tout le reste n'est que plage de sable. De plus, les sorties semi-croustillant avec Chris m'ont bien dressé les jambes à ce type de terrain et là le fabuleux mp3 va aussi faire son office. Pour t'immerger dans le bain regarde la photo

et clique ici.https://www.youtube.com/watch?v=l-qgum7hFXk Avec ça je détale tel Speedy Gonzales, survolant les cailloux avec mon sombrero et mon poncho, je me sens Cabrima (un mélange de cabri et de lama), je m’éclate comme un gamin, les jambes tournent toutes seules, les virages s’enchaînent, c'est le kif total !! Le terrain est accidenté, ça me fait un peu penser à la descente du Veyrier mais en plus long car là ce n'est pas 3km mais une petite dizaine mêlant chemin à pierrier, enchaînant les dérapages et les rattrapages in extremis mais quel pied !!! Je sais pourquoi je fais ça, pour vivre ces moments-là, ceux qui te font ressentir que tu es libre. J'ai failli me péter la gueule deux trois fois, mais la sensation de liberté est plus forte que ça, et les jambes tournent comme un moulin... Bref, un moment d'une rare puissance comme tant de personnes en cherchent en pratiquant un sport à adrénaline ! 


La fin de la descente est plus calme, c'est une partie de route qui nous emmène au ravitaillement de Roquebillière. Là j'arrive avec une maxi patate, Marion est ultra étonnée. Vers 6h dans la nuit, elle a eu un doute pour mon temps d'arrivée et a checké le live pour s'apercevoir qu'en fait, j'ai plus d'une heure d'avance sur ce que je suis censé avoir et c'est ainsi qu'elle me voit arriver à 7h15 . A ce moment-là je lui fais part de mon envie de repartir cash mais les avertissements qu'on m'a donné font leur effet, je décide de m’arrêter. Elle m'annonce aussi que Christophe est maintenant 4e et qu'il court accompagné de Gary Imobersteg. Là j'entends un bénévole dire que l'hélico que j'ai vu était pour le deuxième de la course. Christophe n'est donc pas 4e mais 3eme ex-aequo !!! Je jubile intérieurement, il est entrain de nous sortir la course de l'année (à savoir que je l'avais pronostiqué pour me marrer 2e en 26h54).


Je prends le temps d'aller me doucher, de me renoker, de manger, de discuter un peu avec Marion, je vais me faire masser une demi-heure et vais même faire un petit dodo de 45 minutes. Bref je reste quasiment 2
heures à Roquebillière. Sur la table de massage je croise Sylvain, avec qui je papote un peu et qui m'informe qu'eux vont décoller vers 8 heures. Pour ma part, je reprends le départ à 9h20.



Allez, une petite photo pour la forme. Le soleil pointe le bout de son nez, clique ici pour voir l'ambiance que je ressens https://www.youtube.com/watch?v=-5K-wmNKavA (tu te dis : « Il n'a pas osé !!! » Ben si !). Il va refaire chaud mais j'ai le smile (le sourire en français) et entame la deuxième partie avec deux vétérans dont un qui n'est pas n'importe qui. Comme dirait son collègue, c'est tout simplement le père d'une fille en or !!! Là vous vous dites : « Oulalala ! Mamath tu craques ! Qu'est-ce que c'est que cette connerie encore ? » Eh bien non, ce n'est pas une connerie, c'est juste qu'un des vétérans est Jean-Louis Fer, le papa de la championne olympique de canoë de slalom 2012 Émilie Fer !!! Rien que ça !!! Je fais vraiment des rencontres étonnantes sur ce parcours !!!

Après un petit moment de papotage avec eux, on traverse un petit village, on s'arrête boire un verre puis au moment de repartir je décide de me lancer dans la montée. Cela va encore bien sur toute la partie route, je monte bien en marchant ; malgré la chaleur je n'ai pas l'impression que le corps chauffe. A un moment la trace quitte la route et ré-attaque la montagne et là... Pan !!! C'est la claque ! Pour t’imaginer cette montée en musique clique ici https://www.youtube.com/watch?v=OfJRX-8SXOs sauf que là, contrairement à la chanson, c'est pas du tout le feeling good... Les jambes sont molles, le mojo disparaît, je me sens tout flagada et à la limite de l'insolation. C'est alors que va me venir mon seul et unique regret de la course... Et si au lieu de m’arrêter aussi longtemps j'avais profité de ma fraîcheur et de la fraîcheur extérieure pour ré-attaquer cette montée ?... Et si le massage du kiné m'avait cassé les pattes (bien qu'il ait été vraiment au top) ?... Bref, un gros coup de mou vient de m'atteindre. Je monte mais je m’arrête à tous les virages, dès qu'il y a de l'ombre je rafraîchit la machine, dès que j’aperçois de l'eau je mouille ma casquette et je me fais doubler par un flot incessant de coureurs ! Je vais arriver durement jusqu'à la crête de Clapeiruole.

Arrivé là-haut j'engage la descente au ralenti pour ne pas chauffer. Je commence enfin à sortir du mal grâce à l'ombre que me fournit la forêt. J'aperçois le ravitaillement du relais des Merveilles et à ma grande surprise 
Marion est là pour nous encourager. Je me pose, bois un coup, remouille la casquette et repars. Les gens nous encouragent. Afin de me changer les idées je lance des vannes en disant aux personnes le long du chemin que si leur petit enfant leur demande de faire ça comme sport, il faut les en empêcher, c'est vraiment un sport à la con !!! Et là Marion va faire un truc énorme. Elle décide, vu qu'elle a un peu de temps, d'engager la montée sur la cime de la Valette en ma compagnie. Je monte comme un escargot asthmatique mais c'est pas grave, on avance et le fait de parler avec elle me change les idées. Pour vous donner une idée de la montée cliquez ici https://www.youtube.com/watch?v=w93WsUpl9Gs&list=RDw93WsUpl9Gs Durant toute la montée je ne cesse de me chanter cette chanson qu'on n'arrête pas de marmonner avec Christophe lors de nos sorties montagnes. J'ai le sourire en y pensant mais mentalement j'en chie. 

Dès que je peux, je m’arrête pour mouiller ma casquette et peu avant la cime, un homme nous rattrape ; je lui conseille de faire la même chose, ce qu'il fait. Il décide alors de monter avec nous et cet homme, ce n'est pas n'importe qui car à partir de ce moment jusqu'à la ligne d'arrivée il va devenir mon compagnon d'aventure ! Cet homme, c'est Yvan Fiori (P.S. : ce n'est pas le père de Patrick), un gars incroyable, plein de ressources, qui avait déjà bouclé cet UTCAM l'an dernier en 44 heures et qui venait pour le reboucler en 35 heures, ce qu'il était en train de faire s'il n'avait pas lui aussi chopé un coup de chaud après Roquebillière ! A ce moment, Marion décide de redescendre et de nous laisser poursuivre notre aventure ! Encore merci à elle, c’était tip top.




 Ainsi, entre limaces, on arrive assez vite à se comprendre et on se met à courir/marcher ensemble à une
allure nous permettant de gagner des points de vie en sachant que la partie de plaisir intense aura lieu après le ravitaillement du Boréon.






Me revoilà donc bien accompagné. Nous arrivons tout les deux au vallon Madame de Fenestre et là sa famille l'attend. Nous nous posons un tout petit peu et quelqu'un de sa famille me demande si on continue ensemble, ce à quoi je réponds favorablement ! C'est vrai ça devient réellement un avantage de partager son aventure à deux, surtout avec quelqu'un qui connaît déjà la suite du film et qui peut me permettre d'en garder sous le pied pour finir , 

Après une courte averse nous repartons donc sur les chemins, pas à bicyclette mais bien dans nos baskets !! On monte tranquillement en refaisant le monde à notre sauce jusqu'à la cime du Pisset. La pluie a un peu rafraîchi le terrain, on attaque la descente, j'ai les jambes un peu lourdes et il me dit de ne pas m’inquiéter, qu'on ne va pas tarder à rejoindre une piste qui nous emmènera jusqu'à la vacherie du Boréon. On avance donc et là... Pim pam poum ! A une intersection, quasiment à l'endroit de la piste annoncé par Yvan, un bénévole nous indique de prendre sur la gauche par un balcon, balcon qui va nous sembler interminable, mais bon comme on se dit, on n'est pas à plaindre car ceux qui vont se le taper de nuit ne vont sûrement pas faire les malins : c'est rempli de racines, de ponts en tronc d'arbres avec un bon petit vide sur la droite, bref ce nouvel itinéraire 2016 n'est pas des plus rassurants. 



Mais bon, tant bien que mal on arrive sur Boréon vers 20h25. J'y retrouve Marion. Depuis quelques heures je me sens généreux et j'ai besoin de faire une offrande à la nature... Tu m'as bien compris, il faut que je fasse un arrêt toilettes ! On se fixe donc une petite heure pour se poser, manger, faire ce qu'on a à faire (il y a deux belles ascensions, va falloir monter léger) et s'accorder un petit somme. En gros on se fixe un départ à 21h15.




21h15, sous l'arche, Yvan est là et nous voici en route vers un double kv (non c'est pas le nouveau sandwich de mcdo). C'est bien ce que tu penses, une bonne dose de 1000d+, de nuit, deux fois de suite, histoire de te démolir bien comme il faut les quadris.

Après une partie de route on attaque donc sereinement la première ascension qui est celle du mont Archas. On se fait rapidement coller par un Nancéien et assez étonnamment on a plutôt un bon rythme. Au fur et à mesure on sort du bois et là mon émotion ressemble à ça https://www.youtube.com
/watch?v=25QyCxVkXwQ Le ciel est rempli d'étoiles filantes, je profite de la montée pour les apprécier, je demande souvent à Yvan si tout se passe bien pour lui, il me répond que le rythme est un peu soutenu mais que ça va le faire sans souci ! Une chose est sûre c'est magnifique ce mont Archas et on ne cesse de progresser vers cette arrivée tant convoitée. La pente est assez raide et l'effort demande quand même un peu d'énergie ! En montant on commence à se fixer comme but d’être en haut pour 0h00 ce qui nous laisserait envisager un objectif réalisable de 40 heures. Arrivés en haut on regarde la montre : 23h45. On l'a fait ! On rencontre un groupe de jeunes qui nous félicitent, ça devait être des ados autour d'un feu, tout simplement au top, merci à vous d’être montés là-haut pour encourager les coureurs ! Après une belle ascension dans une nuit douce, un peu fraîche sur le sommet, j'ai enfilé ma veste pour la fin. Alors qu'on s'arrête un peu pour discuter avec les jeunes, notre comparse file tout droit dans la descente et avec Yvan on se dit que ce n'est pas le moment de se faire une cheville. On va donc descendre tout doucement ;) (cherche pas c'est fait exprès) mais la descente est quand même un peu casse-gueule car on n'y voit rien du tout. J'informe donc Yvan que je vais galoper jusqu'au ravito de peur de glisser ou de me manger tellement on n'avance pas (c'est assez paradoxal, mais j'ai le pied plus sûr en courant qu'en marchant dans ces cas-là). Durant la descente je m'offre un petit plaisir et déroule un peu ce qui m'amènera même à rattraper quelques coureurs avant le ravito.

Arrivant en bas, je prends mon temps en expliquant que j’attends mon collègue et qu'à mon avis il ne sera pas là avant 20/30 min mais à ma grande surprise, à peine le temps d'avaler une poignée de Haribo qu'Yvan me fait ravaler ma langue : le voici derrière moi !!! Je suis impressionné car je pense avoir pas mal appuyé sur la fin ! Il arrive en me disant qu'il n'a plus de frontale et qu'il a été obligé de me coller le plus possible car il n'y voyait rien !


Heureusement, on a décidé qu'on finirait ensemble, du coup j’attends qu'il récupère un peu et on s'élance pour la deuxième ascension, celle du mont Pépoiri en espérant atteindre le sommet à 4h du matin pour coller à notre objectif. Je sais que une fois celle-ci faite nous serons finishers de cet UTCAM quoi qu'il arrive alors j'ai envie d'en découdre, mais la fatigue se fait sentir. Yvan commence à être oxy et j'avoue que j'accuse un peu le coup aussi, on recolle une féminine et décidons de monter avec elle. Elle est très sympa et accepte ; j'avoue qu'on n'a pas été super cool car étant assez oxy, c'est elle qui a mené la plus grande partie de la montée. Cette montée est d'ailleurs assez bizarre car très fourbe, on voit des frontales en haut, on se dit que c'est là, eh bien non ! Derrière une sorte de faux plat, ça remonte, et bien droit dans le pentu ! C'est un peu le deuxième effet Kiss Cool... Ce n'est qu'en arrivant à quelques centaines de mètres de d+ que j'ai repris le devant de la cordée. On ne monte pas hyper bien mais on arrive quand même à rejoindre quelques personnes qui commencent à être dans le mal, on croise même un gars qui ne se souvient plus d’être passé à Boréon ! Après un petit passage en crête et une autre petite montée, encore un petit effort et le sommet va montrer le bout de son nez.

L'arrivée à 3h45 au sommet de Pépoiri est magnifique, je n'ai pas vraiment de mots pour le décrire, je pense que je reviendrai le faire de jour car il doit être encore plus beau mais même de nuit le spectacle est au top ! Voilà, c'est fait, maintenant il suffit juste de ne pas se faire une cheville en descendant et c'est sûr je rentrerai dans la grande famille des ultra traileurs ! Je n'ai jamais douté un seul instant pendant la course que j'allais finir, sauf problème technique (genre cheville, coup de chaud ou bide en vrac), le mental a toujours été là dans le fond même le samedi après-midi !

On entame donc la descente vers Saint-Martin-Vésubie. Yvan me dit qu’après quelques mètres nous allons nous retrouver sur un sentier puis sur une route mais là le plan a encore eu des accrocs. Le premier est que le tracé a changé et qu'il faut passer par un pierrier vallonnant et le deuxième , qui est un peu plus problématique, est que ma frontale commence à montrer de sérieux signes de fatigue. « Une Échappée Belle bis », me direz-vous ? On accélère un peu le pas pour ne pas se faire un nocturne complète et on arrive tant bien que mal à descendre jusqu'au sentier. Arrivés là ma lampe s’éteint et je sors ma petite de secours mais autant dire qu'elle éclaire un demi-orteil ! Donc pas de quoi se réjouir. Nous continuons notre descente à tâtons, jusqu'à voir deux frontales arriver telle une délivrance. Nous demandons alors aux deux personnes si on peut continuer avec elles, ce qu'elles acceptent bien sûr !! Nous voilà donc sauvés jusqu'au ravito, j'en profite pour envoyer un message à Marion dans la fin de la descente en lui demandant de m'apporter ma frontale à Colmiane si elle peut.

Nous voilà rendus au ravito. Ne voyant pas Marion, je l'appelle et elle me répond qu'elle est à Saint-Martin et qu'elle n'a pas moyen de venir. Je suis un peu dépité mais un accompagnant va alors nous proposer d'aller chercher des piles dans sa voiture avant de revenir avec une frontale au top pour qu'on conclue ce périple.

5h42 : encore 10 kilomètres. C'est parti pour le show, il nous reste 200d+, on part sur un rythme tranquille car Yvan est totalement oxy. Je vois alors que l'objectif de finir sous les 40 heures va être difficile mais je n'ai pas envie de laisser Yvan pour finir seul. J'ai partagé tellement de choses avec lui que je n'envisage pas de finir sans lui ! On arrive à 6h 41 à l'avant-dernier poste de contrôle et là le bénévole nous annonce que pour descendre jusque Saint-Martin il reste environ 1h15. L'objectif va donc être ultra tendu et je pense qu'à ce moment là Yvan a vu en moi cette petite déception. Elle n'était pas immense car je savais que j'allais finir cette aventure mais je ne sais pas, je trouvais ça magnifique de la finir en moins de 40 heures, ça aurait été un plus, ce genre de plus qui ne veut rien dire au final mais qui vous met encore plus d'étoiles dans les yeux. C'est con comme barrière mais à ce moment-là il a dû lire ça en moi car il est allé chercher toutes ses dernières forces en me disant : « Bon maintenant y a les crêtes et la route finale, on se met en mode footing cool à 8/9km/h et on va la chercher cette barrière. » Je n'en revient pas ! Quel cadeau il était en train de me faire ! Même oxy il allait chercher ça pour moi ! Nous voilà donc sur cette dernière partie infinie en mode footing après 135 kilomètres, le corps est vraiment impressionnant quand il veut ! On trottine de partout, en descente, en montée. Je regarde la montre, on entre dans Saint-Martin, il est 7h25.
On l'a fait.
On sera sous les 40 heures. petite musique pour cette fin https://www.youtube.com/watch?v=9kJjCdV3JdM
Je lui dis que je viens de remarquer ce qu'il a fait pour moi et ça me touche. Il m'avoue alors qu'il s'est aussi pris au jeu de cette barrière des 40 heures. Je suis vraiment touché par ce geste. On arpente les rues de Saint-Martin, tout est fermé et le village commence doucement à s'éveiller. Là il me dit : « Allez on recourt car l'arche est juste là à gauche. » Encore quelques mètres, je vois Marion qui me prend en photo et je regarde cette arche tant rêvée durant la dernière année ! Et ce temps marqué en dessous : 39h04 !!!! Hein ? What ?... 39h04 car quand on est un gland comme moi, on ne sait pas compter. Avec un départ à 16h30 le vendredi ça fait bien ça !!! Nous voilà donc sous cette arche tous les deux, il veut me pousser pour que je passe devant mais je rétorque et la puce a joué à son avantage en me flashant avant !! 


Nous voilà, enfin je car Yvan l'était déjà, «  Ultra Traileur » !


Quelle aventure ! Que de joie d'arriver au bout de cette aventure de la meilleure des façons ! Que d’émotions traversées ! Que de moments partagés avec Cinthya, François, Yvan ! Que de personnes rencontrées au cours de ces 39 heures avec Poussin et Clément, Jean-Louis , Christian et tant d'autres ! Que de sourires et de gentillesse émanant de tous ces bénévoles ; une mention spéciale pour le chef du ravitaillement d'Utelle qu'on a retrouvé au ravitaillement final ! Que d’émotions partagées avec Marion qui a vraiment été au top durant tout ce week-end, quelle chance on a eu de l'avoir avec nous ! Que de plaisir et de joie d'apprendre que Christophe avait gagné cette édition en explosant le record d'une bonne heure et en finissant main dans la main avec Gary ! 


Bref, une chose est sûre, l'UTCAM est et restera à tout jamais gravé dans ma mémoire, un premier ultra qui en annonce d'autres d'une manière certaine !

Je suis encore rempli d’émotion en écrivant la fin de ce compte-rendu, j'ai passé un week-end incroyable... Encore merci à tous ceux qui ont permis ça : organisateurs, bénévoles (surtout les bénévoles), amis, famille, jusqu’au loup qui a partagé ses montagnes sans pointer le bout de son nez.

Voilà le récit d'une personne qui, il ya deux ans et demi, pensait que courir était un sport pour les glands et qui aujourd'hui fait partie des plus cons !;)


Merci d'avoir pris la peine de me lire et surtout n'oubliez pas vos rêves !