dimanche 30 août 2015

Mon premier Ultra




-

Mais que n'avais-je pas fait, même pas 7 mois que j'avais commencé le trail, en pleine rupture à cause d'une entorse et me voila inscrit fin d'août 2015 pour une balade champêtre de 85 km.

Dès le début, tout le monde m'a dit : " Mais pourquoi tu fais ça ? "

Et ben, j'ai fait ça pour cette extraordinaire aventure que je viens de vivre. Et si c'était à refaire, je plongerais de nouveau.

Après une belle année passée entre mon amour pour la pizza/bière et le plan d'entrainement, je dois dire, peu respecté, malgré les précieux conseils de David Trebaux, me voilà prêt pour en découdre avec Belledone. J'avoue maintenant que les recos avec les copains m'avait bien refroidi, tant sur la technicité que sur la dureté de ce massif. En effet, dés fin juillet, je découvre ce que va être cette traversée... 7 heures pour faire 20km...

La date approchant, je suis à la fois tout excité, telle une frite devant un bol de végétaline, mais surtout appeuré par l'ampleur de la tâche que je vais devoir accomplir. Une grosse angine me terasse depuis quelques jours, mais je ne vais pas laisser quelques microbes m'arreter, alors je vais quand même y aller !


Je prépare donc la tenue : ce sera un short Cimalp 3D Flex, un manchon Cimalp (que j'ai vachement apprécié), un tee-shirt de l'Alesia trail, des Peregrine 5 (qui sont hélas décédées pendant l'épreuve et vont être changées par LePape) et enfin la paire de Thyo qui va bien.
J'ai bien entendu prévu une paire de chaussettes de rechange, le tee-shirt de TO69, ma paire de Cascadia Brooks 9, une frontale de rechange dans le sac d'allegement. Ouf ! Une randonnée bucolique de ce type ne se prépare pas à la légère.


Nous voilà donc la veille pour une dernière vérification du matos avant un départ pour le Pleynet avec Nicolas, son père et sa copine afin de s'imprégner de l'ambiance de cette échappée et de voir passer les copains qui se sont lancés le matin même sur le 144  kilomètres.

Arrivés sur place à midi le vendredi, on passe récuperer notre sésame et le sac d'allègement pour la course. Nous commençons à voir les participants du 144 arriver à partir de 16h. Emmené par un Lionnel Bonnel plus qu'en forme ( il devancera même les ouvreurs ) nous commençons à voir les visages marqués des participants.

Les festivités commencent dès la 13ème personne vu que c'est l'ami Christophe Anselmo qui debarque, je me suis immédiatement dit qu'étant sur place, j'allais l'aider dans son assisstance pour essayer de lui remonter un peu le moral (ça fait toujours plaisir de voir quelqu'un qu'on connait dans ces moments là).
Il arrive avec un mental d'acier malgrè des crampes apparues des le 30ème km (il en était à 50), ça le tirait (il n'arrivait même pas à changer ses chaussettes) mais il m'a dit, rassurant, :" je suis assez serein la nuit va arriver ca va etre cool".

Et là, je me suis dis comment ca ??? "La nuit va arriver ça va être cool" ? Le mec, il vient de faire 50km dont 20 avec des crampes, il m'a dit que tous, ils souffraient de la chaleur et il m'annonce que, ce qui était pour moi une difficulté majeure, à savoir la nuit, ça allait être cool... Mais WTF !!!
ll repart donc après une quinzaine de minutes direction le versant Nord et son mythique Moretan. Nous commencons à voir les assistances de TO69 arriver comme Niko, Sylvie, Estelle et Max pour les vaillants membres du club qui s'étaient lancés sur le 144 km.

Nous commencons aussi à voir les visages de tous les autres participants marqués par ce trail atypique et difficile. Les membres de TO69 commencent eux aussi à arriver au camp de vie avec comme meneur David vers 22h... il arrive lui aussi trés marqué. La chaleur, encore elle. Il a des moments de doute et reprend quand même le départ. La premiere partie l'a cependant trop marqué et il préfère finalement ne pas poursuivre.

Il est suivi peu aprés par Nicolas. Le mental est bien là, il prend le temps de décompresser et semble moins marqué que David. Après quelques hesitations, tout de même, il reprend le départ et finira à une belle 67 ème place (un sacré bonhomme au sacré mental).

On décide donc d'aller manger un bout et je ne perds pas les bonnes habitudes en prenant la traditionnelle pizza accompagnée du'une bière locale aux noix :)
Anne et Benoit arriveront ensemble dans la nuit, sans que nous puissions les voir arriver, nous étions partis nous coucher. Ce n'est qu'au petit matin (vers 4h30) que nous apprendrons qu'eux aussi, trop marqués par cette première traversée, avaient décidé de ne pas continuer.








Nous nous levons donc avec Nicolas pour se préparer. Le moral est là, mais rien n'empêche ma petite voix intérieure de me dire : " mais qu'est ce que tu fais dans ce truc ?!?"
Le speacker, rassurant, annonce avant notre départ que le taux d'abandon dû à la chaleur est énorme et que la journée va être très chaude.

Moi qui n'aime pas la chaleur on est bien barré...

6h10...5...4...3...2...1 Le départ est donné et nous voilà parti avec Nicolas pour 85 km dans ce massif aussi beau que difficile. Nous partons trés sereins mais sur un bon rythme en direction du premier ravitaillement.

A 10h, nous voici au premier ravitaillement... mais comment est ce possible ??? On avance bien mais nous voici déjà à une heure de la barrière horaire (qui ne va d'ailleurs jamais cessé de nous suivre).
Bref un petit coca, une recharge en eau, deux trois trucs à manger et on redécolle direction l'ascension du mythique Moretan...






Dés le départ du premier ravitaillement, Nicolas me dit que son ventre est pas au top, il vomit un petit coup et me dit que tout va bien.





Durant l'ascension du Moretan, je sens qu'il a chaud et qu'il est un peu dans le rouge... mais bon, comme il suit bien, on se motive l'un l'autre, je fais mon petit monkey en haut du Moretan pour Apostolos et St Yorre.
Ce passage de Moretan devient tout à coup un lointain souvenir :)








Nous voici à présent en direction de Super Collet...Tranquillement. Tranquille, c'est ce qu'on pensait car après la descente qui se passe nickel sur le ravitaillement de Perioule, on nous annonce que la barrière horaire va etre très dure à avoir et que il va falloir se dépêcher.

En théorie, on est plutôt d'accord, dans la pratique, c'est autre chose !!!

En effet, dès le début du mur (longuement narré par Guigui), je suis dans le rouge... mon angine me lance, j'ai à mon tour un coup de chaud et l'ascension est plus que douloureuse.  Nicolas prend le temps de s'arreter pour me motiver si bien qu'arrivé au refuge de la Pierre du carre, je me ressens bien et en jambe.

 C'est donc assez vaillant que nous repartons pour avoir cette fichue barriere horaire contre laquelle nous courrons. Dans la descente de Super Collet, je dois delaisser mon partenaire pour laisser tourner les jambes... afin d'aller au plus vite aux toilettes :)

17h10, me voici à Super Collet, 50 minutes avant la barrière. Je suis plutôt serein, je pense que Nicolas est 5 minutes dérrière mais ce n'est qu'au bout d'un quart d'heure que je le vois arriver (Selon lui, il est en larme).

Il n'arrive pas à s'alimenter, il est depassé par tout ça, le soleil et la chaleur lui sont difficiles. Il me fait part alors de son choix !!! Il va abandonner ici... Il me reste donc deux solutions : soit abandonner avec lui, soit continuer...

L'idée de continuer seul ne me rejouit pas, je flippe sur le fait de passer une nuit entière seul en montagne (j'ai peur du loup et du noir). Je vais voir donc deux gars (les génepis) afin de leur demander s'ils m'acceptent à leur coté, leur réponse est unanime : c'est d'accord !
Dès la montée aprés le ravito, je me sens bien, les jambes sont bien là au rendez vous et le mental est bon. Un objectif : finir ce 85 km, mais il en reste encore 48 km et 2800D+, ce qui correspond au parcours des Crêtes.

Un des gars avec qui je courre, montre directement des signes de faiblesses, mais on le motive et on arrive ensemble au refuge des Férices.

Arrivé là-haut voyant que le rythme était trop lent pour moi, un des copains génepi me dit de tracer ma route. Je les remercie d'avoir accepté ma présence et me lance dans les crêtes. Je me retrouve dans un petit groupe qui avance pas trop mal, ils vont m'aider à faire les montées et à avancer un peu.

Ca avance, certes, mais pas assez vite à mon goût... je me sens bien, la nuit est tombée et le corps répond bien. Comme quoi Christophe avait raison sur les bienfaits de la nuit.

Je me mets à suivre ArthurBaldur  (j'apprendrai plus tard qu'il est de Lyon Ultra Run) avec qui on envoi le bouzin dans la descente.

C'est alors que je me découvre des talents de marcheur rapide hors pairs. Tout va bien, je reprends confiance si bien que j'arrive à Val Pelouse avec 2h d'avance sur la barrière horaire et avec quasi 50 places de gagnées depuis Super Collet.

En arrivant au ravito, je décide donc de demander à mon compagnon de course s'il veut bien qu'on reparte ensemble. Il accepte, à condition de partir dans moins de 30 minutes, ce que j'accepte évidemment.

Bref Nicolas et là et m'attend, j'allume mon telephone et vois les messages de soutien !!! J'ai la patate mais je suis si concentré que j'oublie ma flask 3d pleine de coca au ravito.

Ne me sentant pas à l'aise en montée avec l'angine, j'averti mon collègue que la montée va être longue. Il me rassure en me disant qu'à lui non plus, ce n'est pas son fort. Parfait.

On s'attaque donc au premier 400 d+ et là, illumination divine, mon corps est au taquet dés le debut sans forcer. Je commence à distancer de quelques mètres mon nouvel acolyte, ce qui va donc aboutir naturellement à un nouveau depart en solitaire. En montant, je rencontre aussi un israelien du nom d'Ari avec qui je discute 5 minutes avant de le laisser aussi.
Bref, la nuit a l'air de me reussir, je me sens bien, les jambes repondent bien et le mental est là : on va aller au bout de ce premier ultra !

J'avance donc tranquillement en remontant petit à petit. Les gens ? J'en dépasse beaucoup dans la descente du dernier ravito. On m'annonce le ravitaillement à 2km, je suis content. Dernière étape avant le 13 derniers km, la descente a été très longue, j'ai une grosse pensée pour les copains du club (Nono, Arnaud et Vivien) qui etaient, eux, sur le 48km.

J'avance, j'avance, j'avance mais ne voit pas ce putain de ravitaillement. Au bout d'un moment je commence à le voir, j'arrive sur place et je vois 5 des gars que j'avais doublé 10/15minutes avant.

Je m'etais perdu !!! Ben oui, 85km c'est pas assez, il fallait bien en rajouter. Je discute un peu, prend une soupe mais je traine pas trop car je commence à être fatigué. Il est déjà 4h30 ça fait 24h que je suis debout...

Je me lance donc avec un gars dans les derniers 500 D+ et c'est le debut d'une fin difficile, je suis dans le rouge dés le debut, mes ampoules commencent à me faire mal et mon corps est fatigué.

Je passe la bosse et me prépare à attaquer la descente et la ma frontale commence a défaillir... cela va devenir compliqué de descendre ces 9km 1000d-. Je reussi à rejoindre deux gars avec qui je vais d'ailleurs finir.

La fin est longue, les pieds ont mal et ça n'en fini jamais.
Mais bon on voit le gymnase se rapprocher. On se felicite et on se fait doubler deux fois.

Nous voici devant l'arche. J'ai les larmes aux yeux, je viens de finir mon premier ultra de 85km, j'ai réussi !!!


Je pense direct à Nicolas et me dit dans ma tete que c'est pour lui. Bref je secoue la cloche et le couperet tombe : finisher de l'echappée belle 85 km 6000D+ en 25h22 et une 120 ème place !!!


Une aventure hors norme, des moments de doutes, une nouvelle connaissance de mon corps. Une chose est sûre, je me lance désormais dans l'ultra distance...

Encore merci à Nicolas pour le trajet et le début de course,  à TO69 pour me supporter tout au long de l'année, à Cimalp pour les produits au top et à ST-Yorre pour la récup.