dimanche 3 juin 2018

SantéLyon !!! Highway to Ninkasi

"Hey Mamat on part faire la Transvulcania, ca te tente ?"

Il n'en fallut pas plus, après ma saison 2017 chaotique, pour me motiver à accrocher mon premier dossard 2018 avec les copains. Aussitôt proposé, aussitôt inscrit, enfin sur le papier... En effet, il y avait un léger détail :  on était fin Novembre 2017 et je devais courir un plus de 45km2000D+ avant fin Décembre ! Bah oui, pour accéder à cette course, l'organisation demande à ce que dans les 18 mois précédents,  j'aie couru un trail équivalent à plus de la moitié du dénivelé et de la distance que je serais supposé parcourir en mai 2018 ! Autant dire que quand j'ai vu ça j'ai eu les boules car l'Utcam accompli en 2016 passe à la trappe pour moins d'un mois de délai et il me reste un mois pour trouver une course qui me qualifierait...
Bref j'eus alors une idée farfelue (plutot conne même), celle de trouver un dossard en participant à tous les jeux possibles et imaginables. J'ai même pensé à vendre mon corps pour la science mais  pas moyen, je ne trouvais pas... Et tout ça pour courir la grande, la merveilleuse, que dis-je la merveilleuse... Pour revivre mon rêve une deuxième fois sur la mythique Sainté... Saintély... Saintélyo... Non je n'arrive pas à le prononcer tellement elle m'émeut.
Et voilà... On est lundi, la course est samedi et je n'ai toujours pas de dossard ; comme on dit chez nous ça sent le paté cette histoire !!! Puis vers 18h je reçois un message de Romain de CryoAdvance qui m'annonce que suite à un tirage au sort j'ai gagné un dossard pour la course maîtresse, la Sainté SOLO... Je n'y croyais plus. Je suis à la fois content car c'est mon ticket pour aller avec les copains aux Canaries en mai, et à la fois je repense déjà à ma formidable époppée de 2015 avec le Dav et les copains de TrailOutdoor69 et j'en ai des nausées !! Ben oui je ne suis pas un grand adepte ou fan de cette course, celle qui pourtant fait rêver 12000 personnes par an !!! Mais bon il en faut pour tout les goûts.



Après ce grand moment de joie d'avoir remporté un dossard vient aussitôt le moment de doute !!! Celui où tu te dis :”Merde on est lundi... Merde c'est samedi... Merde j'ai pas couru depuis 3 mois et puis y a quand même 75km... Et puis j'avais “tellement apprecié” l édition 2015, pourquoi m'infliger encore ce chemin de croix ?... Et puis allez ! Je dois finir pour aller avec les copains, c'est pas la mer à boire, quoique cette année c'est plutôt prévu mer de glace et iceberg en esperant ne pas sombrer comme le Titanic !!!”






Pour mieux faire passer la pillule j'ai directement compris que si je voulais finir il me faudrait partager cette aventure avec des amis et heureusement pour moi (peut-tre un peu moins pour les rêveurs qui étaient autour de nous), Pat et Emilie  étaient engagés sur la course et m'ont chaleureusement proposé de les accompagner (encore merci pour les fous rires et le moment passé ensemble !! Je promets aux gens autour de nous qu'on ne fait pas que manger !). Après un petit passage au village expo pour faire un coucou aux copains de Cimalp et m'habiller chaudement grâce à eux (merci Flo et Marie), j'embarque en voiture avec  Jojo et Philippe (que je remercie encore pour le trajet) direction le beau gymnase de Saint-Étienne où s'emboîtent facon puzzle les 12000 futurs rêveurs de la doyenne des courses.


Nous voici enfin prêts à vivre notre aventure au pôle nord en mode grizzli car en plus d'être une des courses que je porte haut dans mon coeur, cette année il fait -8000, tout est gelé sauf notre petit coeur (moment émotion).
23h50. On est dans l'ambiance, les  vagues se préparent, on a limite chaud au milieu de toute cette foule, nos genoux tremblent de froid, on se lance des vannes, un Corse hurle qu'il va enfin exaucer son rêve !! Bref on est dans la place !!! Le speaker s'enflamme, on s'approche de l'arche, minuit sonne et zou c'est parti, la balade commence avec mes deux compères. On part donc tranquille avec pour unique objectif la ligne d'arrivée, Patrick essaye comme d'habitude de nous impressioner avec des relances de l'espace  et un pipi de début de parcours mais avec Emilie on est impassible face à ses avances, on est là en touristes, on compte bien acheter du terrain !!! On voit alors se dérouler sous nos yeux des instants blagues vaseuses, des sketchs non aboutis, des pleurs, des cris de fans hystériques... Oups je m'égare ! Ça c'était le dernier spectacle de Kev Adams la veille...
De notre côté on papote, on court et on passe le premier ravito pépouze sans s'arrêter.  Pour le moment  on n'est pas pas dépaysés, faut dire que niveau paysage, la nuit en décembre y a pas non plus trop matière à s'extasier...

27e kilomètre. On arrive au deuxième ravito et il y a  toujours ce décor similaire à celui de 2015 avec en plus l'impression d'être en 14-18  !!! De la boue, des pleurs, l'ambiance est identique jusqu'à la reconstitution de la queue pour avoir ta soupe comme dans le temps pour la ration de pain quotidienne !!! T'as l'impression que l'espace d'un instant, les cons du lendemain se sont réveillés en avance !!! Les gens se bousculent, s'insultent, il est là l'esprit trail, celui qui te fait vibrer sur “Bref” ou au marathon, cet esprit d'entraide si particulier grâce auquel le mec qui peut embarquer les 25 pâtes de fruits qu'il reste, il ne se gênera pas !!! Franchement bravo aux coureurs et à l'organisation  !!! Tout y est on s'y croirait. Même dans Joyeux Noël  ils n'ont pas réussi à faire mieux niveau réalité. Heureusement on avait une assistance de choc menée de main de fer par Jerem, Romain, Billel, Anni et Nadya (le café  c'était du luxe).
Apres cet interlude historique et cinématographique, nous continuons toujours à trois (comme les petits cochons). Chemin faisant, dans la joie et la bonne humeur on se répète encore qu'on va finir, comme Manolo l'a dit dans un très célèbre dessin animé La legende de Manolo. "Pas d'abandon, pas de rédition !!!” On arrive au signal et là il y a les copains du LUR (Lyon Ultra Run ), Pauline, Benoît qui nous encouragent avant d'entreprendre un des endroits les plus safes de la course, cet endroit où tu sais pas pourquoi , même bien avant d'y être tu le redoutes !!! Est-ce car c'est une descente plus glissante que les douches d'un club après le jeu de la savonette  ? Ce moment où passant à leur insu de coureur à patineur plus ou moins artistique certains innovent et développent les aptitudes d'un Phlippe Candelero ou d'une Surya Bonaly (désolé pour les puristes, je fais avec l'époque que j ai connue) en essayant d'imiter à la perfection le triple lutz piqué ou le fameux back flip de ces athlètes !!!

Heureusement pour nous pas de casse, même si tout ne se déroule pas sans dommage pour Emilie qui devra s'acquitter après ce passage d'une tournée générale pour avoir excuté avec brio la première chute du trio  suite à la réception d'un double axel un peu bancal, et sans méfiance envers Patrick qui, nous dit-on dans l'oreillettte, aurait chuté avant mais pas vu pas pris comme dit le dicton.
On avance à notre rythme, parfois Pat se sent des élans de leader avant qu'Emilie essaye aussi d'imposer son style... Bref on ne voit pas le temps passer, au point d'être déjà à une vingtaine de kilomètres de l'arrivée, 22 kilomètres et des bananes pour être plus précis. Et c'est à ce moment que l'aventure commence, mais pas celle du plaisir car ce qui allait venir allait être une découverte pour moi. J'ai expérimenté le mode : "comment finir une course quand ta tête ne veut plus courir, juste pour aller chercher ta qualif pour la Transvulcania" qu'on peut aussi traduire par : "comment finir une course où tu n'as pas la moindre envie d'être???"

A peine arrivé au ravito de Soucieu, chacun de nous trois en a marre, on a froid, plus d'envie, la tête ailleurs (c'est peut être ça l'accès au rêve ???). Bref c'est la tristitude... Emilie veut se poser un peu, Pat a froid et veut continuer et pour ma part ma tête me dit : "T'es trop con ! Pourquoi tu fais cette course ?"  Bref je trace pour en découdre au plus vite, je suis donc Pat sur les 200 premiers mètres avant que ce qui me sert de cerveau me dise : “Stop ! Tu finis en marchant ... “
Et là s'écoulent 22 kilomètres où tu te fais doubler par des gens heureux, les larmes aux yeux d'arriver à accomplir leur rêve, où certains coureurs révèlent leur bon esprit en jetant leurs gels par terre pour gagner ces 5 places qui les emmèneront à la 1780 place en leur évitant de baculer hors du top 1800, où tu sens les gens surentraînés au bout de leur vie qui crient "Je l'aurai !" comme quand Rocky crie "Adrienneeeeeeeeeeee !"... Dans ma tête il ya plusieurs idées qui font du ping-pong : “Vais-je avoir droit à un tee-shirt finisher à ma taille cette année ? Ma bière de finisher aura-t-elle le même goût que celle de l'an dernier à savoir sans bulles, sans houblon et sans alcool, autrement dit du Château La Pompe ? Plutôt pâtes bolo de la veille ou soupe de quinoa ? Bref toutes les questions, les vraies que se pose un finisher de la Saintélyon !!!
Je connais cette portion quasiment par coeur pour l'avoir poncée avec le Vik et avec mon frère pour sa prépa. A chaque moment je me dis : “Allez, bientôt l'endroit où il y a les sapins ! (héhé ! toi aussi tu le connais et tu as cash pensé à revenir en couper un pour Noël) Allez, bientôt les aqueducs et la célèbre montée de Beaunant ! Plus que le parc aventure et après il y aura encore le petit parc sur les hauteurs de la Mulatière, la descente sur les quais par les escaliers, le petit plat et zou c'est la halle !!!”


En arrivant devant la halle, c'est l'euphorie les gens n'arrêtent pas de crier : "Allez ! On court c'est bientôt la fin faut tenir !” Mais courir pour quoi ? Ça fait 22 kilomètres que je marche !!!! Je ne vais pas courir juste pour faire le pingouin à la photo finisher !!! Je passe donc l'arche en 10h48 (ça t'épate hein) avec ce que j'étais venu chercher c'est-à-dire mon pass pour la Transvulcania (du moins ce que je pensais être venu chercher) et une bonne marade avec les copains sur les 44 premiers kilomètres.
Après avoir rejoint Pat qui a fini 30 minutes avant moi et qu'Emilie nous rejoigne pour aller au burger/bières, on se change et on se dit tous une chose : la Saintélyon c'est Mythique !!!!!






Encore merci à vous d'avoir lu ce récit. Comme je le dis, toutes les courses ne peuvent pas plaire à tout le monde et celle-ci en fait partie pour moi. Je remercie cependant beaucoup Cryoadvance pour le dossard qui m'a permis d'obtenir mon sésame pour la Transvulcania qui fut épique, l'assistance et les encouragements de choc de Jerem, Billel, Romain, Nadya, Jojo, l'équipe du LUR, les copains du TOR , ainsi que Marie et Florian de Cimalp pour le pantalon et les gants qui m'ont été d'une très grande aide, ça m'a évité de finir en glaçon ! Très vite va suivre le CR de la Transvulcania et du ROOOOOOOOOOQUUUE DE LOS MUCHACHOOOOOOOOOS !