mercredi 12 septembre 2018

UTE ma couille

Hey Vik ! Mon plan de traversée des calanques vient de tomber à l'eau, du coup est-ce que vous seriez prêts à avoir un compagnon de route pour la fin de votre périple ?

Pas de souci Mamat, sache juste que ca va être hyper sauvage et qu'il va falloir avancer ! Et c'est en full autonomie, j'ai pas le temps de gérer pour toi, ça m'a pris des mois.

Sur ces mots, à peine le messenger fermé j'avais déjà trouvé un covoit pour m'amener au plus près du chantier (j'avais repéré une possibilité de les rejoindre à Navette, km144 pour eux, solution que je vais adopter finalement) et un covoit retour de Briançon le dimanche après l'épopée.

Je fis donc mon sac comme si j'allais partir pour 3 semaines en gardant en tête la possibilité d'affronter le froid, la grêle (qu'ils ont eue la veille de mon arrivée), la pluie, les loups, les ours, et toute autre chose qu'on peut rencontrer en 28 heures de balade en milieu montagnard, surtout quand le tracé est fait par le Vik.

Me voici donc dans mon covoit le vendredi aprem, je sais où je vais, je sais d'où je rentre mais ce qu'il y a au milieu j'en ai pas la moindre foutue idée ! Je sais juste que ça va être une bonne bambée et qu'il y a barbecue dimanche midi. En papotant avec mon super covoit, Nico, je lui explique l'idée du truc et qu'une fois déposé à St-Firmin il me faudra trouver un autostop pour m'emmener dans la vallée. Et là, par chance ou coup du destin, je ne sais pas trop, j'ai trouvé le seul covoit qui était fan de la vallée du Valgaudemar au point où le gars m'a laissé quasiment à mon point de rendez-vous avec les aventuriers de UTEMC (Ultra Tour des Ecrins Ma Couille).



Sur place à 18h je prends donc le temps de faire une petite sieste allongé dans l'herbe en profitant de la vue, avant l'arrivée à 19h de Julien aka Chirov et Jasna un couple d'amis du Vik que je ne connaissais pas et qui ont eu l'idée folle et farfelue de s'offrir pour leur anniversaire de mariage (on l'a appris pendant l'aventure) de faire l'assistance sur 5 jours des deux fêlés partis faire l'UTEMC...




D'ailleurs vous êtes sûrement en train de vous dire que l'UTEMC, c'est bien beau comme raccourci, y nous en parle comme si c'etait l'UTMB, comme si c'était the place to be une première semaine de septembre !! Mais nous on n'a pas la moindre idée de quoi y cause le garçon... Alors l'UTEMC c'est en fait l'UTE (Ultra Tour des Ecrins), un projet assez dingue né dans la tête du Viking aka Sébastien Bocahu. L'idée était d'entraîner avec lui son pote Julien Christian pour faire une petite balade champêtre de 220km (comptez plutôt 245...) et 21000D+ dans le massif des Ecrins. Une trace unique, née dans le bocal un peu fêlé de cet amoureux de la montagne résidant à Briancon qui consiste à partir de chez lui, faire une belle bambée en passant par des endroits qu'il aime bien, et revenir chez lui après ça. Tu me diras, dans le concept, c'est plutôt cool !! Et tu sais quoi ?... Ça l'était. :)

Je suis donc rejoint à Navette, endroit qu'ils nomment Base de vie 2, par Chirov et Jasna que je prends plaisir à découvrir et avec qui j'entreprends de monter la base de vie et de faire le barbec de ravito pour nos deux grands sportifs. Sur le roadbook établi par Vik, leur passage devrait être autour de 21h50 mais les suiveurs de choc ont vu passer Julien aka JUCB et Vik  à l'Ubac vers 17h et JUCB avait un peu d'avance sur le Vik et devrait arriver vers 21h .


On établit donc tout le campement puis on se dirige vers la trace où les coureurs doivent passer vers 21h afin de les conduire à l'endroit où on a établi le barbec (rappelons qu'un feu est interdit dans un parc naturel, on a donc dû sortir du parc pour faire le barbecue) et à notre grande surprise on remarque une frontale après le point de passage. On gueule un coup et en effet JUCB, ne nous voyant pas au point de passage, avait continué pensant que nous étions plus loin. On discute donc avec lui un peu, on l'emmène manger un bout puis il décide d'aller se coucher un peu avant notre départ prévu à 1h50. A ce moment-là le Vik est encore en chemin. Je décide donc de remonter la trace en direction du col de Beranne pour aller à sa rencontre et redescendre avec lui.  Je ne cesse de monter, éteignant ma frontale afin d'essayer d'apercevoir la lueur de la sienne mais rien... Au bout de quasi 500m de D+ j'aperçois sa frontale... et je comprends de suite qu'il y a un souci. Il a beaucoup de retard et ne marche pas très vite. Et cela ne loupe pas. Dès que j'arrive à son niveau il me fait part de sa douleur au genou qui lui est insurmontable. J'essaye de le rassurer, de lui changer les idées mais rien n'y fait. On redescend à un rythme très cool et pour lui, il le sait, cette base de vie marque la fin de l'aventure.
Arrivés à la base de vie vers 0h50, on s'assoit autour du feu et on commence à envisager la suite, on mange, on boit une bière et on essaye de voir comment le reste de l'aventure va se dérouler mais pour cela il nous faut l'avis de JUCB. Et quand on parle du loup il montre très vite sa queue... JUCB a un probleme de GPS. Qu'à cela ne tienne, Vik va lui filer le sien. Il se pose, on fait un rapide topo qui se veut épique et il me regarde en me disant : “Mat t'es chaud ? On décolle dans 10 min !” Quand faut y aller... J'allais donc passer la fin de mon aventure avec quelqu'un rencontré 2h avant au coin d'un feu et sans mon pote que j'étais venu accompagner... mais bon quitte à être ici autant se faire plaisir et l'aider dans son périple.

1h40. Nous voila donc partis à l'aventure nous et nos sacs, dans une partie du tracé où même Vik a des doutes à propos du chemin de nuit et on va pas être déçus ! Dès les premiers instants, on remonte une cascade et là JUCB me dit : "Avance un peu et dis-moi si ça passe..." J'ai avancé un peu et on a vu, enfin... façon de parler... 50 mètres plus loin je lui réponds : "Demi-tour ! J'ai une falaise sous mes pieds..." De nuit ça a été, de jour j'aurais peut-être moins fait le malin... Cela faisait à peine 1heure qu'on était partis et on jardinait déjà... Je vous laisse donc imaginer que les 80 kms suivant allaient être longs... On rebrousse donc chemin et on trouve un passage qui nous mène sur une sente qui monte à peu près vers la trace.


Nous voilà donc engagés dans ce beau bloc de montée de 1600 mètres de dénivelé positif. Le rythme
est plutôt cool et je suis assez étonné que JUCB ait encore autant de patate après 145km, il commence déjà à m'épater... Ne se connaissant pas, on papote et la montée passe assez vite. On mange le premier kv (pour moi) à bonne allure et on débouche sur un endroit qui va vite nous en faire baver. On est à ce moment-là vers 2300 mètres et on sait que le col où on doit passer est à 2700. Vik nous avait prévenus : ici c'est du hors sentier, droit dans le pentu et dans le dévers. Eh bien on n'a pas été déçus, on jardine plus que Jean-Pierre Coffe le dimanche sauf qu'on est samedi, qu'il fait froid, qu'on a les pieds trempés et qu'avec la nuit les repères ne sont pas tout à fait les mêmes. On s'engage dans des arrêtes, on fait demi-tour, on les contourne, on remonte, on redescend... Bref on se dit que de jour ça doit quand même être super beau mais que là, de nuit, c'est assez obscur ! On était bien, tout était calme, on avançait et on commence à entendre un, deux, puis plusieurs aboiements. Je regarde JUCB et lui lance : "Tiens ! Mais on dirait qu'ils se rapprochent bien ces bruits !..." En effet, se promener ici n'était pas vraiment au goût de tous et surtout pas au goût des patous qui gardent les troupeaux d'altitude. Autant vous dire que rien à foutre du dévers, on a accéléré le pas pour ne pas finir en hot-dog pour patous...


On arrive donc en haut du col de Morge et de ses 1620m de D+ aux alentour de 6h, après 7 glorieux kilomètres. On avait donc 1 bonne heure de retard sur le road book mais bon le road book est juste là pour nous donner une approximation et on le sait, on n'a pas chômé dans la montée mais jardiner nous a fait perdre pas mal de temps. Le col passé, le Vik nous avait dit : "Vous allez voir les gars, y a une sente qui est dans le coin pour redescendre à travers les bouts de pierres noires, si vous la trouvez c'est easy, après, de nuit, ça va pas être de tout repos.” Eh bien vous me croyez, vous me croyez pas, on a galéré peut-être 20 min mais on l'a trouvée et ça nous a pas fait de mal après  l'assaut en dévers qu'on venait de se taper les 3 heures d'avant... On avance donc à notre rythme, on papote famille, voyages, on traverse une fois la rivière, puis deux fois... puis trois fois... puis je ne sais plus exactement combien de fois mais on l'a bien traversée cette satanée rivière avant d'arriver au petit jour vers une cabane où une voix douce et délicate, assez semblable à celle d'un fumeur abusif ayant pris une cuite la veille, nous accueille d'un "Ben alors ? Vous v'nez d'où ?" et de nous de répondre naïvement : "Du col de Morges" avant de se voir répliquer "Non mais ça c'est impossible, c'est du col de Valpierre que vous v'nez, ça fait 40 ans que je suis là et y a pas de passage au col de Morges donc c'est de Valpierre que vous v”nez !" Devant l'affirmation et l'heure matinale de notre débat, on signe l’armistice et on abdique devant tant de certitude avant de continuer notre chemin vers le col de la Valette pour rejoindre le GR54 et se diriger vers Vallon Plat.


Le jour levé, les paysages sont magnifiques. En se retournant on voit bien le col et l'arrête de Morges et on se dit que c'est quand même pas dégueu et que le Vik a du goût. Notre discussion à ce moment-là est assez mono-sujet.. Mais où a-t-il vu qu'il y a 300D+ (selon le road book) ? En effet, on monte sans cesse et bien dans le pentu... Bref ce roadbook va bien nous occuper et on va mettre être capables de donner des heures de passages à des horaires précis tellement ça nous a fait marrer, mais bref, c'est pour plus tard...


Le GR54 rejoint, c'est quand même de la sacré belle beauté. Ce massif que je ne connaissais pas hier et qui se dévoile au fur et mesure que le jour se lève est quand même une tuerie. Après une petite pause saucisson/mélange énergétique  framboise, on s'engage dans la descente qui va nous mener au refuge  Pré Chaumette où on doit se poser 30 minutes et pas une de plus... On continue donc à discuter, JUCB me propose d'augmenter le rythme, ce qui me convient et là, dans une petite rigole creusée par l'eau, à un moment pas plus technique que ça mais dans un moment d'égarement, ma cheville fait flip flap, comme la girafe, et émet un petit craquement de plaisir tellement elle est contente de ce trick.





Bref en clair et avec les sous-titres, comme un gros gland, dans un moment d'absence de concentration, je me fais une belle entorse. JUCB me demande cash si ça va. Mais quelle question ! Ça va comme un mec qui vient de se faire la cheville... Heureusement pour moi, plus de peur que de mal, elle va me lancer jusqu'à la fin mais pas d’œuf ou de trucs qui vont me stopper net à cet endroit. En même temps il aurait pas fallu car on est à 23 km de la prochaine base vie et dans tous les cas il nous faut marcher au moins 4 heures pour arriver à une route... Je serre donc les dents et continue à descendre en marchant vite en espérant que la douleur va se calmer.


Arrivés au refuge Pré Chaumette on a toujours notre heure de retard sur le roadbook. On décide de se poser pour manger la planche de charcut' la plus belle de notre vie  (bazinga) et de boire pour moi un coca avant de repartir. 9h33 (Eh oui ! Je vous avais dit qu'à force de checker le road book on allait avoir des souvenirs précis des heures) on décolle pour la montée qui va nous emmener au col de l'Aulp Martin en passant par le col de la Cascade. Malgré la douleur qui me lance à certains moments je suis plutôt content car la cheville répond plutôt bien et je peux monter sans trop de difficulté. JUCB part devant car je ne veux pas plus le retarder mais j'essaye de m'accrocher pour le garder en vue ce qui va me faire plutôt bien avancer. La montée est assez longue (environ 1000D+) mais à mon grand étonnement Pacman l'a assez bien mangée puisque les 3h de montée depuis le refuge indiquées par les panneaux on été avalées en 1h45 pour ma part avec un passage en haut à 11h11 et pour JUCB (je l'apprendrai plus tard) un passage à 11h08. Le col de la Cascade passé, la vue est à couper le souffle ! On se dirige en balcon jusqu'au col de l'Aulp Martin toujours avec un écart entre les deux mais un écart qui me laisse la possibilité de le garder à vue.


Le temps est idéal. Autant ils en ont bavé les derniers jours, autant là c'est grand soleil et ma peau va pouvoir redevenir vanille fraise vu que j'ai encore oublié de mettre de la crème solaire.  Le col de l'Aulp Martin franchi, la cheville tient plutôt le coup mais le moment le plus dur arrive. En montée ça va, je ne m'appuie pas trop dessus, mais en descente ça va pas être la même.  Et quelle descente ! C’était pas 800 D- comme on le pensait pour rejoindre la base de vie 3 mais bien 1150 ! On avait omis le fait que le roadbook ne nous amenait pas directement à la base de vie mais qu'il y avait une étape.

La descente se déroule plutôt bien, je prends mon temps et demande pratiquement à chaque personne croisée si mon coéquipier de galère est loin et étonnamment, plus ça va et plus je le rattrape, jusqu'au moment où dans une petite gorge je le vois passer un groupe de randonneurs. J'entreprends à ce moment-là de vérifier les dires des personnes rencontrées et me mets à calculer l'écart de passage qu'il y a entre son passage vers les randonneurs et le mien. J'avais juste oublié un léger détail qui allait faire que mon calcul était plus que merdique, c'est que quand JUCB est passé les randonneurs étaient en mouvement et ont continué leur mouvement donc lors de mon passage, le temps que j'aurais n'indiquerait en rien l'écart qui me séparait de lui... Bref vous voyez que quand on cours plus qu'une heure, des questions existentielles et  hyper rationnelles se mettent à émerger dans un endroit où il ne devrait pas y avoir ce type de réflexions.


Je continue donc à avancer et dans un virage j'ai la surprise de le voir posé sur une pierre ! En arrivant à son niveau je lui demande si tout va bien et il me dit avoir un gros coup de mou, ce coup de mou où tu te demandes ce que tu fous là, dans un off, à naviguer parfois à vue, avec un éclopé qui te suit tant bien que mal... Pour le remonter, je lui propose un saucisson qu'il va refuser, à mon plus grand délice, et on redécolle ensemble jusqu'à la cabane de Jas Lacroix où Chirov est venu à notre rencontre. Après quelques échanges avec Chirov, JUCB et lui déroulent un peu jusqu'à la base de vie sur un chemin qui nous semble interminable (5 km) où j'arrive encore, en marchant, à les garder à vue.
13h30 nous voici donc à la base de vie 3. Le road book nous indiquait 11h, on avait un peu de retard... :) Mais bon, pour ma part j'étais arrivé à un endroit où je pouvais stopper tranquille et où la voiture allait pouvoir me conduire. J'étais un peu déçu de stopper là mais bien content de ce que je venais de vivre, autant au niveau de la rencontre humaine que des paysages découverts. Ce mec avec qui je venais de partager 12h est une putain de belle rencontre et possède une machine hors norme. Vers 16h JUCB a repris le chemin de son tour pour boucler l'UTE en 88 heures. Arrivé à 4h20 le dimanche matin, il vient de finir un petit tour de 220km (240?) et 21000D+. Une sacrée aventure sur une trace faite par Le Vik où y a quasi rien à jeter.


Bref un week-end un peu imprévu qui m'a fait découvrir un peu de ce massif où je reviendrai, pour sûr... Encore merci à Chirov et Jasna pour le suivi et ravi de vous avoir rencontrés, bravo à toi JUCB et merci pour ces 11 heures de partage où on a bien ri !!! Et un énorme merci à Seb (Vik) et Elena pour l'accueil et ce week-end extraordinaire... Des moments comme ça on souhaite en vivre un maximum ! J'ai des images plein la tête et qu'une envie, venir voir l'autre partie.


dimanche 3 juin 2018

SantéLyon !!! Highway to Ninkasi

"Hey Mamat on part faire la Transvulcania, ca te tente ?"

Il n'en fallut pas plus, après ma saison 2017 chaotique, pour me motiver à accrocher mon premier dossard 2018 avec les copains. Aussitôt proposé, aussitôt inscrit, enfin sur le papier... En effet, il y avait un léger détail :  on était fin Novembre 2017 et je devais courir un plus de 45km2000D+ avant fin Décembre ! Bah oui, pour accéder à cette course, l'organisation demande à ce que dans les 18 mois précédents,  j'aie couru un trail équivalent à plus de la moitié du dénivelé et de la distance que je serais supposé parcourir en mai 2018 ! Autant dire que quand j'ai vu ça j'ai eu les boules car l'Utcam accompli en 2016 passe à la trappe pour moins d'un mois de délai et il me reste un mois pour trouver une course qui me qualifierait...
Bref j'eus alors une idée farfelue (plutot conne même), celle de trouver un dossard en participant à tous les jeux possibles et imaginables. J'ai même pensé à vendre mon corps pour la science mais  pas moyen, je ne trouvais pas... Et tout ça pour courir la grande, la merveilleuse, que dis-je la merveilleuse... Pour revivre mon rêve une deuxième fois sur la mythique Sainté... Saintély... Saintélyo... Non je n'arrive pas à le prononcer tellement elle m'émeut.
Et voilà... On est lundi, la course est samedi et je n'ai toujours pas de dossard ; comme on dit chez nous ça sent le paté cette histoire !!! Puis vers 18h je reçois un message de Romain de CryoAdvance qui m'annonce que suite à un tirage au sort j'ai gagné un dossard pour la course maîtresse, la Sainté SOLO... Je n'y croyais plus. Je suis à la fois content car c'est mon ticket pour aller avec les copains aux Canaries en mai, et à la fois je repense déjà à ma formidable époppée de 2015 avec le Dav et les copains de TrailOutdoor69 et j'en ai des nausées !! Ben oui je ne suis pas un grand adepte ou fan de cette course, celle qui pourtant fait rêver 12000 personnes par an !!! Mais bon il en faut pour tout les goûts.



Après ce grand moment de joie d'avoir remporté un dossard vient aussitôt le moment de doute !!! Celui où tu te dis :”Merde on est lundi... Merde c'est samedi... Merde j'ai pas couru depuis 3 mois et puis y a quand même 75km... Et puis j'avais “tellement apprecié” l édition 2015, pourquoi m'infliger encore ce chemin de croix ?... Et puis allez ! Je dois finir pour aller avec les copains, c'est pas la mer à boire, quoique cette année c'est plutôt prévu mer de glace et iceberg en esperant ne pas sombrer comme le Titanic !!!”






Pour mieux faire passer la pillule j'ai directement compris que si je voulais finir il me faudrait partager cette aventure avec des amis et heureusement pour moi (peut-tre un peu moins pour les rêveurs qui étaient autour de nous), Pat et Emilie  étaient engagés sur la course et m'ont chaleureusement proposé de les accompagner (encore merci pour les fous rires et le moment passé ensemble !! Je promets aux gens autour de nous qu'on ne fait pas que manger !). Après un petit passage au village expo pour faire un coucou aux copains de Cimalp et m'habiller chaudement grâce à eux (merci Flo et Marie), j'embarque en voiture avec  Jojo et Philippe (que je remercie encore pour le trajet) direction le beau gymnase de Saint-Étienne où s'emboîtent facon puzzle les 12000 futurs rêveurs de la doyenne des courses.


Nous voici enfin prêts à vivre notre aventure au pôle nord en mode grizzli car en plus d'être une des courses que je porte haut dans mon coeur, cette année il fait -8000, tout est gelé sauf notre petit coeur (moment émotion).
23h50. On est dans l'ambiance, les  vagues se préparent, on a limite chaud au milieu de toute cette foule, nos genoux tremblent de froid, on se lance des vannes, un Corse hurle qu'il va enfin exaucer son rêve !! Bref on est dans la place !!! Le speaker s'enflamme, on s'approche de l'arche, minuit sonne et zou c'est parti, la balade commence avec mes deux compères. On part donc tranquille avec pour unique objectif la ligne d'arrivée, Patrick essaye comme d'habitude de nous impressioner avec des relances de l'espace  et un pipi de début de parcours mais avec Emilie on est impassible face à ses avances, on est là en touristes, on compte bien acheter du terrain !!! On voit alors se dérouler sous nos yeux des instants blagues vaseuses, des sketchs non aboutis, des pleurs, des cris de fans hystériques... Oups je m'égare ! Ça c'était le dernier spectacle de Kev Adams la veille...
De notre côté on papote, on court et on passe le premier ravito pépouze sans s'arrêter.  Pour le moment  on n'est pas pas dépaysés, faut dire que niveau paysage, la nuit en décembre y a pas non plus trop matière à s'extasier...

27e kilomètre. On arrive au deuxième ravito et il y a  toujours ce décor similaire à celui de 2015 avec en plus l'impression d'être en 14-18  !!! De la boue, des pleurs, l'ambiance est identique jusqu'à la reconstitution de la queue pour avoir ta soupe comme dans le temps pour la ration de pain quotidienne !!! T'as l'impression que l'espace d'un instant, les cons du lendemain se sont réveillés en avance !!! Les gens se bousculent, s'insultent, il est là l'esprit trail, celui qui te fait vibrer sur “Bref” ou au marathon, cet esprit d'entraide si particulier grâce auquel le mec qui peut embarquer les 25 pâtes de fruits qu'il reste, il ne se gênera pas !!! Franchement bravo aux coureurs et à l'organisation  !!! Tout y est on s'y croirait. Même dans Joyeux Noël  ils n'ont pas réussi à faire mieux niveau réalité. Heureusement on avait une assistance de choc menée de main de fer par Jerem, Romain, Billel, Anni et Nadya (le café  c'était du luxe).
Apres cet interlude historique et cinématographique, nous continuons toujours à trois (comme les petits cochons). Chemin faisant, dans la joie et la bonne humeur on se répète encore qu'on va finir, comme Manolo l'a dit dans un très célèbre dessin animé La legende de Manolo. "Pas d'abandon, pas de rédition !!!” On arrive au signal et là il y a les copains du LUR (Lyon Ultra Run ), Pauline, Benoît qui nous encouragent avant d'entreprendre un des endroits les plus safes de la course, cet endroit où tu sais pas pourquoi , même bien avant d'y être tu le redoutes !!! Est-ce car c'est une descente plus glissante que les douches d'un club après le jeu de la savonette  ? Ce moment où passant à leur insu de coureur à patineur plus ou moins artistique certains innovent et développent les aptitudes d'un Phlippe Candelero ou d'une Surya Bonaly (désolé pour les puristes, je fais avec l'époque que j ai connue) en essayant d'imiter à la perfection le triple lutz piqué ou le fameux back flip de ces athlètes !!!

Heureusement pour nous pas de casse, même si tout ne se déroule pas sans dommage pour Emilie qui devra s'acquitter après ce passage d'une tournée générale pour avoir excuté avec brio la première chute du trio  suite à la réception d'un double axel un peu bancal, et sans méfiance envers Patrick qui, nous dit-on dans l'oreillettte, aurait chuté avant mais pas vu pas pris comme dit le dicton.
On avance à notre rythme, parfois Pat se sent des élans de leader avant qu'Emilie essaye aussi d'imposer son style... Bref on ne voit pas le temps passer, au point d'être déjà à une vingtaine de kilomètres de l'arrivée, 22 kilomètres et des bananes pour être plus précis. Et c'est à ce moment que l'aventure commence, mais pas celle du plaisir car ce qui allait venir allait être une découverte pour moi. J'ai expérimenté le mode : "comment finir une course quand ta tête ne veut plus courir, juste pour aller chercher ta qualif pour la Transvulcania" qu'on peut aussi traduire par : "comment finir une course où tu n'as pas la moindre envie d'être???"

A peine arrivé au ravito de Soucieu, chacun de nous trois en a marre, on a froid, plus d'envie, la tête ailleurs (c'est peut être ça l'accès au rêve ???). Bref c'est la tristitude... Emilie veut se poser un peu, Pat a froid et veut continuer et pour ma part ma tête me dit : "T'es trop con ! Pourquoi tu fais cette course ?"  Bref je trace pour en découdre au plus vite, je suis donc Pat sur les 200 premiers mètres avant que ce qui me sert de cerveau me dise : “Stop ! Tu finis en marchant ... “
Et là s'écoulent 22 kilomètres où tu te fais doubler par des gens heureux, les larmes aux yeux d'arriver à accomplir leur rêve, où certains coureurs révèlent leur bon esprit en jetant leurs gels par terre pour gagner ces 5 places qui les emmèneront à la 1780 place en leur évitant de baculer hors du top 1800, où tu sens les gens surentraînés au bout de leur vie qui crient "Je l'aurai !" comme quand Rocky crie "Adrienneeeeeeeeeeee !"... Dans ma tête il ya plusieurs idées qui font du ping-pong : “Vais-je avoir droit à un tee-shirt finisher à ma taille cette année ? Ma bière de finisher aura-t-elle le même goût que celle de l'an dernier à savoir sans bulles, sans houblon et sans alcool, autrement dit du Château La Pompe ? Plutôt pâtes bolo de la veille ou soupe de quinoa ? Bref toutes les questions, les vraies que se pose un finisher de la Saintélyon !!!
Je connais cette portion quasiment par coeur pour l'avoir poncée avec le Vik et avec mon frère pour sa prépa. A chaque moment je me dis : “Allez, bientôt l'endroit où il y a les sapins ! (héhé ! toi aussi tu le connais et tu as cash pensé à revenir en couper un pour Noël) Allez, bientôt les aqueducs et la célèbre montée de Beaunant ! Plus que le parc aventure et après il y aura encore le petit parc sur les hauteurs de la Mulatière, la descente sur les quais par les escaliers, le petit plat et zou c'est la halle !!!”


En arrivant devant la halle, c'est l'euphorie les gens n'arrêtent pas de crier : "Allez ! On court c'est bientôt la fin faut tenir !” Mais courir pour quoi ? Ça fait 22 kilomètres que je marche !!!! Je ne vais pas courir juste pour faire le pingouin à la photo finisher !!! Je passe donc l'arche en 10h48 (ça t'épate hein) avec ce que j'étais venu chercher c'est-à-dire mon pass pour la Transvulcania (du moins ce que je pensais être venu chercher) et une bonne marade avec les copains sur les 44 premiers kilomètres.
Après avoir rejoint Pat qui a fini 30 minutes avant moi et qu'Emilie nous rejoigne pour aller au burger/bières, on se change et on se dit tous une chose : la Saintélyon c'est Mythique !!!!!






Encore merci à vous d'avoir lu ce récit. Comme je le dis, toutes les courses ne peuvent pas plaire à tout le monde et celle-ci en fait partie pour moi. Je remercie cependant beaucoup Cryoadvance pour le dossard qui m'a permis d'obtenir mon sésame pour la Transvulcania qui fut épique, l'assistance et les encouragements de choc de Jerem, Billel, Romain, Nadya, Jojo, l'équipe du LUR, les copains du TOR , ainsi que Marie et Florian de Cimalp pour le pantalon et les gants qui m'ont été d'une très grande aide, ça m'a évité de finir en glaçon ! Très vite va suivre le CR de la Transvulcania et du ROOOOOOOOOOQUUUE DE LOS MUCHACHOOOOOOOOOS !