lundi 7 décembre 2015

Sainté-Lyon ... Une nuit en enfer

Sainté-Lyon ... une nuit en enfer :)


“ Alors cette Echappée Belle ? Bien passée ?  me demande ma mère.
- Ben écoute, je l'ai finie et c'était top , des paysages de fou et une ambiance hors normes.
- Et comparé à une Sainté-Lyon, c'est dur ?
- Comment te dire... C'est un autre monde.
- Ben pourquoi tu ne fais pas la Sainté-Lyon alors ? ”

Il n'en fallut pas plus pour que je me lance dans l'aventure Sainté- Lyon ! La Sainté-Lyon, cette course  mythique et historique qui relie Saint-Etienne à Lyon en traversant les monts du Lyonnais, la "Sainté" comme on l'appele ici, une course de nuit, souvent dans le froid et la neige, avec du verglas et des loups... Non pas de loups, je m'égare. En tant que Lyonnais, je m'étais dit qu'un jour je la ferais, alors cette petite pique de ma mère m'a dit : “Allez, c'est le moment !”

Cette course est la dernière de la saison pour beaucoup , et pour moi ce sera la dernière avant la reprise au Sancy en 2016 . Comme pour chaque course longue, elle demande une certaine préparation, 72 km sur du béton et du chemin dur, ça va taper, alors autant préparer le truc .

Une prépa qui pour moi va être aux petits oignons... mais frits ! Deux semaines avant, j'ai fêté mes 30 ans où tout a coulé à flots sauf l'eau ! Niveau plan diététique j'ai le régime “-ette”. Si certains se demandent de quoi il s'agit, c'est simple, tu composes ton alimentation quasi essentiellement d'aliments qui finissent par “-ette” (raclette, tartiflette, croziflette...), avec un mélange de la méthode Cori/Stuck, alimentation composée d'une spécialité américaine à base de pain, steak et frites... Bref, j'ai encore été optimum de ce côté-là, en finissant même par une petite Chimay d'encouragement l'après-midi du départ (au point où j'en étais, une petite mousse n'allait pas tout changer).

Assez parlé  de l'avant ...

Un CR est là pour parler de la course !

Je rejoins Chris le vendredi soir pour aller chercher le dossard, et nous voilà directement dans l'ambiance. On récupere les dossards dans la magnifique Halle Tony Garnier, ce lieu mythique de mon enfance (je suis un gône du quartier) où l'on va finir la course. Après un petit moment de découverte des stands (on a trouvé la future paire de chaussures de Marie) et quelques aller-retours pour récupérer le dossard de Chris, c'en est joué : le départ sera le lendemain soir 00h00, avec le dossard 9656 !


La tenue sera simple au vu des temperatures annoncées. Ça sera short, tee-shirt manches longues, tee-shirt du club et un coupe vent. Niveau ravito perso, des pâtes de fruit, des petits saucissons et un sachet de Dinausaurus (l'esprit du T-Rex règnera en moi). Un bonnet, une paire de gants et zou ! En avant Guingamps !



Pour monter de Lyon avec deux accolytes, Olivier et Nicolas, nous avons pris l'option train, option qui s'est avérée sympathique car on a eu droit à l'animation d'un skin qui nous narrait son appartenance à l'antifascisme et nous faisait partager son goût pour la musique punk des années 80/90...

Bref, le trajet effectué, nous voici dans l'arène ! C'est en effet impressionant tout ce monde  qui patiente dans ce palais des sport ! Wahoo... Les coureurs dorment, mangent, se préparent pour une édition qui promet d'être chaude et sous de bons auspices ! Nous commençons à voir les gens du club arriver, on se repose , on papote.







23h30, l'heure est venue de se rendre sur la ligne de départ, je me cale avec Nicolas, Laurent et Arthur avec qui je vais partager la course. Après une minute d'applaudissements, hommage émouvant au 13 novembre, le départ est donné à 00h00 pile (mon Strava me donne un départ à 23h, je suis en effet parti plus tôt pour doubler Cori mais on ne mange définitivement pas les mêmes burgers).






Devant, ça part très vite, nous choisissons de nous mettre dans un rythme plutôt tranquille avec comme idée d'appuyer à partir de Soucieu si tout se déroule bien.



Dès les premiers instants, l'ambiance est sympathique, je rencontre un gars qui a fait la 180 (l'aller-retour) accompagné d'un Marocain qui était venu pour faire cette course. Si j'ai bien compris, le gars avait commencé sa saison au Maroc et le Marocain venait la finir avec lui en France, un bel esprit et un bel échange ! Si quelqu'un le reconnait (Arthur Baldur si tu me lis ;) ).

On avance, on avance, mais c'est assez monotone, au point même de dire à un moment à Nicolas : "Bon, on a bien fait 4/5 km ?" et qu'il me répond  en rigolant : "On est plus autour des 10 !" Il faut dire que la traversée de la zone industrielle de Saint-Etienne n'est pas des plus agréables question panorama ! Nous commençons à nous engager dans les premières montées et tout se passe pour le mieux pour le moment, notre petit groupe de quatre se suit bien, Nicolas est endiablé et lance des vannes, bref, outre la monotonie, c'est assez sympathique.

Notre stratégie de course, élaborée avec minutie, nous fait sauter le premier ravitaillement et continuer notre chemin. En effet, à plus de 15 000 participants sur cette course, on sait que l'anarchie sera au rendez-vous de ce premier stop. Etant encore bien niveau munitions, nous traçons donc notre chemin en route pour Sainte-Catherine.

Une bonne partie du dénivelé se situe avant Sainte Catherine et pour le moment notre stratégie paye bien, le sol est cependant glissant et on commence à voir pas mal d'entorses sur le bas-côté, le temps est parfait et la chenille de lumière est impressionnante à voir. Chemin faisant, nous arrivons tout les quatre à Sainte-Catherine sans encombres et attendons ce ravitaillement avec impatience car l'eau commence à se faire rare et les ruisseaux qui courent le long de la course sont moins séducteurs que ceux de Belledone pour remplir sa gourde.


A notre arrêt, c'est la douche froide, on à l'impression d'être retourné en 40 à une distribution de rations de pain, ça gueule, on est trop nombreux, c'est la cohue devant les stands. J'arrive néanmoins à me frayer un chemin et là, à ma question : "Est-il possible d'avoir de l'eau ?", on me répond : "Je suis désolé, mais on a des problèmes de stock , on a de la Saint-Yorre et du Pepsi max. " What ?! Des problèmes d'eau ??? En un an et demi de trail et courses, c'est la première fois que j'entends ça. On est au 28e km sur 72, on est dans la première moitié du peloton, et y a plus d'eau ??? Comment dire... Je remplis mes gourdes alors, une de Pepsi max (ce qui va s'avérer être un tres mauvais choix car donner à son corps du Coca en lui faisant croire qu'on lui donne du sucre sans en avoir...) et une de Saint-Yorre (heureusement que vous étiez là Magalie !!!), je rejoins mes trois accolytes et on redémarre, non sans un certain remords contre l'orga pour cett petite déconvenue.


 Après une premiere partie de course plutôt agréable bien que monotone, la nuit en enfer  commence à se faire sentir. Cela commence pour moi par une illusion de crampes   s'apparenteront plus à des petites contractures pas trop gênantes, mais le plus grand mal est à venir environ 1/2km après le ravito : de grosses crampes d'estomac commencent à apparaître et là, c'est le début de la course au mental. les montées ne posent pas trop de problème bien quelles soient loin d'être olympiques, par contre j'ai l'impression de porter un alien dans chaque descente. J'en fais part à mes collègues et nous continuons notre route, pour moi en serrant les dents !

Dans une montée avant Saint-Genoux, nous pensons avec Arthur que Nicolas et Laurent sont devant, on essaye de les rattraper mais j'apprendrai après la course qu'ils étaient derrière et qu'il nous ont aussi attendus. Bref, avec tout ce monde, on s'est perdus !!! C'est fou !! La prochaine fois on prendra des talkies-walkies.

On continue donc tout les quatre, Arthur, moi et mes belles baskets, on papote et je m'aperçois alors que je n'ai toujours pas allumé ma frontale depuis le début ! Je viens de faire quasiment 40 km de nuit, dans les monts du Lyonnais et tout ca sans frontale ! On dit que Lyon est la ville lumière, on m'avait dit que c'était l'autoroute, qu'on y voyait comme en plein jour mais là j'avoue que c'est quand même énorme. Je ne vais l'allumer qu'à partir d'un sous-bois ou les cailloux fuyants se font trop nombreux et où je n'ai pas envie de perdre une cheville en 2015 comme en 2014 .
En continuant, Arthur me fait savoir qu'il a un peu mal au pieds (languette de la hoka trop courte), moi j'ai mal au ventre, nous formons une belle team d'éclopés. On arrive cependant à rester dans un rythme qui nous emmènera à Lyon avant 10 heures.




Sur la route toujours aussi monotone, ça commence à taper un peu pour moi, mes fidèles destriers Brooks ont presque 800 km, mais c'est le cas pour tout le monde. Je commence à voir autour de moi des visages dans le mal, j'ai même aperçu quelques petits vomitos. Au fur et à mesure de notre avancée, nous rejoignons Géant (Ludo), un autre membre de notre association, qui avance à son rythme avec le même objectif que nous, on va donc avec Arthur se greffer à lui. Moi avec mon mal de bide, Arthur et ses douleurs, bref, à trois on ne sera pas de trop. Peu avant Soucieu,  j'ai une petite baisse. Je fais part à Arthur et Géant de mon intention de ne pas m'arrêter sauf pour ravitailler. Ils décident alors de prendre quelques mètres d'avance pour pas être trop ralentis.

A la sortie de Soucieu, je m'arrête faire un petite pause évacuation d'eau et là, ca commence à aller mieux, j'ai les jambes, je me sens bien, mon bon moteur diesel est toujours d'attaque et je souris car si c'est comme ça tout le temps, on va rigoler en 2016... Je me lance donc à l'attaque de cette partie que je connais par coeur. Je ferai moins de 10 heures, je suis en forme et je pense pouvoir finir tranquillement. Dans un virage, je rencontre mon pote David qui n'est pas au mieux de sa forme ! Il a une tendinite et son genoux lui fait horriblement mal, je regarde ma montre, nous avons environ 2h45 pour les 18 km qu'il nous reste à faire. Je lui propose de finir en marchant, il me dit de continuer mon chemin mais je ne peux pas laisser un ami seul dans ce mal. Je décide alors de stopper ma course et de finir avec lui. Dans tous les cas, on sera finisher, que cela soit en 9h20 ou 10h30, cela m'importe peu, le plus important pour moi à ce moment là c'est que mon pote finisse et pas seul dans cet état.

Ben oui, l'esprit trail c'est ça aussi, on ne laisse pas ses copains au bord du chemin. Les derniers kilomètres sont durs pour lui, même en marchant. Peu avant Chaponost, on se fait rattraper par Arthur en premier qui me fait savoir que  son pied va mieux, et Ludo ensuite (ils vont finir , ça me met la banane). Je dis à David que s'il s'arrête à Chaponost, il ne repartira peut-être pas. On prend donc l'option de tracer jusqu'à la ligne d'arrivée, il nous reste 1h45, on sera à Lyon avant 10 heures si tout se passe bien, et j’espère que cela va le faire pour David, mais j'en suis sûr, il a le mental, on va finir.

Dans la descente de la Mulatière, on se fait rattraper par Djoul, Claire et Rimboud (des amis à moi) qui faisaient la dernière moitié en relais. Je suis content de les voir mais j'avoue que j'aurais aimé les voir passer la ligne (donc la passer avant eux...).

On passe le panneau 2km. David, dans un dernier effort, commence à courir dès qu'il peut, je l'admire même si je sais qu'il va payer cet effort. Je comprends sa mentalité et ne peux pas l'empêcher de faire ça, je cours donc avec lui, on passe les quais, le pont Raymond Barre, on y est ! La Halle Tony Garnier !




Ça y est, on passe sous l'arche, en 9h52... On l'a fait en moins de 10 heures.

On cherche la bière à l'arrivée, cependant malgré les multiples dessins de bières sur les panneaux 4 / 3 / 2e km, elle ne sera pas présente à l'arrivée. Je récupère mon tee-shirt que je croyais M jusqu'à chez moi où je m’aperçois qu'on ma donné un L...


Objectif rempli, on finit cette Sainté-Lyon en moins de 10 heures et j'ai respecté ma ligne de conduite, à savoir que je ne laisse pas de potes au bord du chemin.




J'ai eu l'occasion de croiser vite fait Aurélien de la team Saint-Yorre, avec qui j'ai papoté un petit peu, un chouette type ! Encore bravo pour ta course, tu as d'autres obligations sympathiques en cette fin d'année, bonnes fêtes avec ta famille et à bientôt sur une autre course.

Une édition riche en émotions, cependant cette course n'est pas pour moi, trop roulante, trop monotone, pas ma came, ça manque de crêtes, de montagnes, de saucissons au ravitos.

Bref un grands bravo à tous ceux qui ont fini cette course, bravo à Mélanie pour sa belle 3e place sur la Sainté Express ( format 44km )  aini qu'a bravo à Sébastien qui lui prend la 2e place chez les hommes , merci à mes 5 coéquipiers d'expédition, merci à TrailOutdoor69 pour cet esprit et cette asso qui déchire, et pour finir un grand merci à Saint-Yorre qui a dû en sauver plus d'un.

Prochaine étape, le Sancy, pour 30 km dans la neige en janvier.
Bonnes fêtes de fin d'années à tous.